LE QUOTIDIEN : Dix médecins généralistes viennent de prendre leur quartier dans votre centre départemental. Quel est votre état d'esprit ?
André Accary : Je suis très heureux ! Nous avons dix médecins salariés, cinq hommes et cinq femmes âgés de 27 à 61 ans, qui commenceront les consultations le 6 février sur quatre pôles : Digoin, Montceau-les-Mines, Autun et Chalon-sur-Saône. Ceux à temps plein perçoivent de 4000 à 6000 euros net par mois, selon leur expérience. Pour créer ce centre départemental, nous avons fait un état des lieux des dispositifs incitatifs existants comme les aides à l'installation ou les week-ends découvertes. Le bilan était très insatisfaisant. Aucune mesure ne parvenait à contrer le départ à la retraite de la moitié des médecins généralistes ! Le modèle du centre multisite a donc été voté à l'unanimité par le conseil départemental en septembre dernier, avant la phase de recrutement puis d'installation des médecins par tranche de dix.
Quels sont les premiers retours ?
Le modèle plaît. C'est un dispositif très souple : les médecins peuvent signer à plein temps ou à temps partiel. L'un d'entre eux souhaite garder son cabinet à mi-temps à Paris, un autre une activité hospitalière. J'ai présenté le dispositif au congrès des internes (ISNAR-IMG), dans la Drôme le week-end dernier. Je leur ai expliqué qu'ils peuvent basculer en libéral au bout de trois ans. Pour des jeunes, c'est rassurant ! Cela leur laisse le temps de faire leur patientèle sur un secteur donné, sans prendre de risques. Le fait de travailler en lien avec les autres médecins est également attrayant. Les professionnels auront des missions communes à réaliser, comme la protection maternelle et infantile (PMI). C'est donc une équipe de travail qui se met en place.
En revanche, je le redis, je ne viens pas en concurrence à la médecine libérale mais en complément. Le centre multisite soulage les libéraux qui sont sous une pression assez intense de la part des patients. Sur certains secteurs géographiques, s'il y a des installations libérales suffisantes, je me retirerai.
Quelle est la prochaine étape ?
J'ai installé un modèle de centre départemental unique et recruté les premiers médecins. Je me concentre maintenant sur la seconde phase, qui consiste à recruter dix nouveaux généralistes afin de les déployer courant 2018 dans des antennes dispatchées un peu partout sur le territoire. Quand cela sera abouti, je verrai si on pousse encore plus la logique de la structure multisite. Je préfère rester prudent, car si je n'arrive pas à recruter plus de dix médecins, nous n'irons pas plus loin. Aujourd'hui, je ne compte recruter que des généralistes. Les spécialistes ne sont pas dans ma ligne de mire.
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