La « grande majorité » des professionnels de santé libéraux ont connu une baisse de revenus et des « besoins importants » de trésorerie en cette année de crise sanitaire, révèle une enquête* menée par l'Observatoire CMV Médiforce des professions libérales de santé.
61 % des libéraux de santé (56 % des généralistes, deux tiers des radiologues et des ophtalmos) estiment que leur chiffre d'affaires a été durablement impacté par la crise. En août 2020, une note de synthèse de la CNAM confirmait déjà que les remboursements de soins de généralistes avaient reculé de 8,9 % entre janvier et juillet, ceux de soins spécialisés de 12,8 % et ceux de soins dentaires de 19,6 %. Les remboursements de soins d'auxiliaires médicaux entre janvier et juillet 2020 reculaient de 7,8 %. Au sein de ce poste, les dépenses de soins de kiné s'effondraient de 23 %.
La médecine de ville avait alerté très tôt sur la chute d'activité liée au premier confinement. Rendez-vous reportés ou annulés, déprogrammations, patients qui refusent de consulter : les spécialistes libéraux avaient estimé la baisse d'activité jusqu'à 80 % dans certaines disciplines, tandis que MG France évaluait cette diminution à 50 % chez les généralistes. Ces leçons ont été tirées lors de la deuxième vague avec une multiplication d'appels à ne pas reporter les soins courants.
Dans ce contexte, une forte majorité de libéraux (87 %) ont exprimé des « besoins de trésorerie » (et 56 % les destinent à pallier une période d'inactivité), selon l'Observatoire CMV Mediforce. Les généralistes (87 %), les ophtalmologistes (91 %) et les radiologues (75 %) ont été les plus demandeurs.
Pour compenser les charges de fonctionnement mais sans apporter une garantie de revenus, la CNAM a mis en place une indemnisation pour perte d'activité – 80 000 médecins libéraux ont validé leur demande pour 4 100 euros d'aide en moyenne. Des initiatives ont également été prises par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) dont une aide de 2 000 euros net à tous les libéraux.
Manque de soutien
Mais d'une manière générale, les libéraux de santé demeurent critiques quant au soutien financier qui leur a été apporté par les institutions. Le soutien des banques (via les prêts garantis par l'État) est jugé insatisfaisant pour deux tiers des sondés. Les compagnies d'assurances sont aussi considérées sévèrement, seuls 18 % des libéraux de santé sondés estimant avoir été épaulés par elles (c'est toutefois mieux chez les seuls généralistes avec 39 %). La gestion de crise par le gouvernement reste très critiquée avec 65 % des libéraux de santé qui en sont mécontents (même proportion chez les seuls généralistes).
Toujours selon cet observatoire, malgré le mouvement de soutien populaire apprécié par les trois quarts des professionnels, 58 % des libéraux déclarent que cette période de crise a fait baisser leur moral (52 % des omnipraticiens et 54 % des radiologues).
*Étude menée auprès de 495 professionnels de santé libéraux (PLS) dont 71 généralistes, 72 radiologues, 70 ophtalmologistes, 71 kinés, 71 chirurgiens-dentistes, 70 pharmaciens et 70 infirmiers libéraux du 16 septembre au 19 octobre 2020 via un questionnaire internet.
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