Entrée gratuite pour les étudiants, ateliers organisés dans les loges VIP du Roazhon Park et Raphaël Enthoven en guest star : l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux Bretagne a mis les petits plats dans les grands pour attirer les internes et les remplaçants à l'occasion d'un colloque organisé à Rennes mi-octobre.
D'entrée de jeu, le Dr Nikan Mohtadi, président (FMF) de l'union bretonne, fixait l'objectif de la journée en forme de défi : « Il faut donner aux jeunes le goût de la médecine libérale ! ». Devant plus de 200 participants, le généraliste de Quimper a d'abord pourfendu les « schémas caricaturaux » qui collent à la peau de la profession. Sus aux clichés du médecin « nanti joueur de golf » ou du praticien « sacerdote », l'élu veut dépoussiérer l'image du métier et faire naître des vocations en prise avec les aspirations de la nouvelle génération en quête d'équilibre entre vie privée et professionnelle.
Au programme de la journée, des interventions sur des sujets aussi variés que la médecine connectée ou la santé des soignants entrecoupées d'ateliers pratiques destinés à répondre aux angoisses des juniors et à leur faire entrevoir la réalité du métier. « Il faut rendre visible et lisible la médecine libérale », plaide le Dr Nikan Mohtadi alors que la formation initiale reste beaucoup trop hospitalocentrée.
Coordination et plaisir au travail
Pour la jeune génération, l'avenir de la médecine libérale rime avec coordination systématique et coopération interpro. Emmanuel Macron en a fait un objectif pour son quinquennat. « Je veux que l'exercice isolé devienne progressivement marginal, devienne l'aberration et puisse disparaître à l'horizon de janvier 2022 », lançait-il en septembre 2018. Interne en médecine générale, Romain l'a bien compris. « Pour ma part, il n'est pas question que je m'installe tout seul, ni même seulement avec d'autres médecins. »
Lors d'un atelier consacré à la coordination, les étudiants comme Romain ont pu découvrir l'expérience du Dr Thomas Couturier. En juin 2018, ce généraliste a fondé après trois ans de travail la première communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Bretagne − le gouvernement en espère un millier à l'échelle nationale d'ici à 2022. « Gain de temps », « sécurisation des prises en charge », « interconnaissance entre professionnels »… Le praticien ne tarit pas d'éloge au moment d'évoquer sa pratique collégiale : « A l'heure où on parle de burn-out des soignants, l'exercice coordonné permet de retrouver la notion de plaisir au travail ». À condition de réussir à surmonter les deux principaux freins identifiés par le Dr Couturier : « la perte d'activité » liée aux réunions d'organisation et la « peur de l'inconnu ».
Suffisant pour convaincre ? Pas sûr. Malgré l'enthousiasme affiché par le Quimpérois, le jeune interne a encore du mal à comprendre comment l'exercice coordonné pourra véritablement casser la « barrière imperméable » qu'il déplore entre la ville et l'hôpital.
Le b.a.-ba de l'installation
L'autre source de préoccupation identifiée par les futurs médecins a trait aux démarches administratives obligatoires avant de visser sa plaque libérale. Chacun redoute un parcours d'obstacles en dépit des guichets uniques promis pour accompagner les jeunes.
Preuve en est, le succès rencontré par l'atelier pratique proposé par l'URPS Bretagne sur les étapes de l'installation. Inscription à l'Ordre des médecins, cotisations à l'URSSAF et à la CARMF, choix du logiciel métier… En quelques minutes, le Dr Nicole Cochelin, élue URPS et conseillère ordinale d'Ille-et-Vilaine, a tout passé en revue, avant d'être assaillie de questions. « Ma carte CPS ne fonctionne pas sur l'ordinateur du médecin que je remplace », « de quelles aides à l'installation peut-on bénéficier ? », « à quel moment faut-il prendre rendez-vous avec l'assurance-maladie ? »… Accompagnée de représentants de la CNAM et de l'agence régionale de santé (ARS), la dermatologue s'est employée à répondre aux jeunes parfois perdus dans un univers libéral complexe et aux règles conventionnelles évolutives.
Le gouvernement a pris conscience de l'urgence de simplification du début d'exercice. La création dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) d'un contrat d'intallation unique plus lisible (à la place des quatre aides existantes) est prévue à cet effet. « Nous manquons vraiment de connaissances sur le monde libéral », confirme Maël, étudiant en sixième année. Autre élu URPS, le Dr Frédéric Dubois a tenté de dédramatiser. « L'installation, on en fait des montagnes mais ce n'est que trois semaines de rendez-vous, avance le chirurgien urologue libéral. Ça passe vite et on en parle plus jusqu'à la retraite ».
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