Dans une maison de santé de la Creuse, Emmanuel Macron veut comprendre les raisons des déserts médicaux

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Publié le 24/01/2022
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Crédit photo : AFP

Après le Cher et l'Allier mi-décembre, puis l'Aisne et le Nord mi-janvier, Emmanuel Macron a entamé une nouvelle tournée régionale ce lundi par la Creuse où il était question de jeunesse, de service public, de ruralité et… de démographie médicale.

Ce département possède une des densités médicales les plus faibles et le nombre de généralistes y a diminué de « 13,5 % depuis 2017 » (contre -2 % sur la région Nouvelle-Aquitaine), précise l'Élysée. Pour échanger sur ce sujet sensible, le chef de l'État, accompagné de plusieurs ministres dont Olivier Véran, était attendu ce lundi après-midi dans une maison de santé pluridisciplinaire de Bourganeuf (2 700 habitants).

L'objectif, confie l'Élysée, était d'échanger directement avec les médecins, les internes et les élus locaux sur l'efficacité des « mesures déjà mises en œuvre pour inciter les jeunes à s'installer dans ces territoires (formation, développement des maisons de santé, CPTS) ». Le président de la République, souligne ses conseillers, veut comprendre « la nature des freins au développement de l'installation en exercice collectif » car « les efforts faits pour créer des maisons de santé ne sont pas suffisants pour combler le gap démographique ». D'autres leviers d'action devaient être abordés comme le déploiement de consultations de spécialistes ou la télémédecine. 

« Loin de tout » 

Cette visite présidentielle était en tout cas attendue par les membres de la MSP de Bourganeuf, créée en 2016 et regroupant 23 professionnels de santé dont cinq médecins généralistes. À 39 ans, la Dr Marie Bussy est la plus jeune généraliste de cette structure et ne cache pas ses inquiétudes. « Ici deux médecins vont partir à la retraite et on ne voit pas de jeunes désireux de venir s'installer, ça va être compliqué, confie la généraliste. J'aimerais bien savoir comment le président compte régler le problème d'attractivité de la médecine générale… Comment faire en sorte que les médecins installés travaillent dans de bonnes conditions et que les jeunes restent dans les zones sous dotées. »

C'est la question de l'attractivité et de l'aménagement des territoires ruraux qui est posée. Selon la Dr Bussy, « les jeunes sont ravis de venir faire leur stage dans la MSP », mais « ils trouvent que Bourganeuf est loin de tout », même si la commune est dotée de commerces, d'écoles et d'un centre hospitalier local. Celle qui a embrassé la médecine de famille et rurale par vocation souligne que « les incitations ne fonctionnent pas très bien ».

La tentation de la régulation

Faut-il pour autant contraindre les jeunes à l'installation dans les zones fragiles ? Pour la généraliste, ce n'est certainement pas une solution. En revanche, elle se dit favorable à interdire la venue de nouveaux médecins « dans les zones où il y en a déjà trop ». « C'est une restriction à la liberté d'installation, reconnaît la Dr Bussy. Mais il va falloir y réfléchir car cette régulation se fait déjà pour d'autres professionnels de santé comme les pharmaciens ou les infirmiers ».

Jusqu'à présent, l'exécutif a toujours repoussé, durant ce quinquennat comme lors des précédents, toute proposition de loi parlementaire visant à remettre en cause la liberté d'installation des médecins libéraux.


Source : lequotidiendumedecin.fr