Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) éclaire d'un jour nouveau la problématique des déserts médicaux. Elle pronostique à l'horizon 2040, une population médicale plus nombreuse, « plus jeune, plus féminisée et plus souvent salariée ».
Au 1er janvier 2015, la France comptait 216 700 médecins actifs de moins de 70 ans. Si les hypothèses de la DREES se réalisent (sans changement de la régulation et du comportement des médecins vis-à-vis de la retraite, et avec une stabilité du nombre de médecins étrangers arrivant en France), les effectifs médicaux resteraient quasi stables jusqu'en 2025, loin des projections catastrophistes parfois élaborées. La population des spécialistes serait en hausse de 0,3 % tandis que celle des généralistes chuterait tout de même de 1,2 %.
Cette stagnation serait liée au nombre très significatif de médecins qui cesseront leur activité durant cette période, en raison du numerus clausus important entre 1971 et 1978, ce qui annulera les effets de la hausse du numerus clausus depuis 2002. Quant à la modeste croissance du nombre de spécialistes, elle s'explique par le fait que 80 % des médecins à diplôme étranger exerçant sur le territoire sont spécialistes.
Attention : malgré cette stabilité des effectifs médicaux, la densité médicale baissera (de 3,27 à 3,18 médecins pour 1 000 habitants entre 2015 et 2021), en raison d'une augmentation prévue de la population générale d'environ 10 %.
Âge moyen du médecin en 2040 : 45 ans !
À l'horizon 2040, un tout autre scénario se dessine, avec une hausse globale de la population médicale de 30 % (à 281 400 médecins) par rapport à janvier 2015.
La raison ? Un numerus clausus moins élevé au cours des années quatre-vingt et 90 (qui limite les départs à la retraite) associé à un numerus clausus en forte hausse depuis le début des années 2000 (qui dope les arrivées). Résultat, la proportion de médecins de plus de 55 ans devrait chuter, passant de 45 % en 2015 à 22 % en 2040. Dans le même temps, l'âge moyen devrait passer de 51 à 45 ans !
Si les femmes représentent aujourd'hui 44 % de la profession, ce pourcentage devrait grimper à 60 % vers 2036. Dans le même temps, l'exercice libéral devrait reculer, passant de 47 % des effectifs en 2016 à 38 % en 2 040. Mécaniquement, ce repli de l'exercice libéral fera grossir les rangs des praticiens à exercice mixte (qui passeront de 11 % à 15 %) et salarié (de 42 % à 46 %) d'ici à 2040.
Cette étude ne constitue pas une prévision, mais plutôt un scénario parmi d'autres. En effet, précise la DREES, « l'hypothèse selon laquelle rien ne change (numerus clausus, comportement des médecins vis-à-vis du départ à la retraite, nombre de praticiens étrangers venant exercer en France) n'est pas nécessairement réaliste ».
Pour la CSMF, pas de catastrophe démographique mais…
Cette incertitude n'empêche pas la CSMF de tirer déjà les leçons de cette analyse. « Contrairement à ce que certains tentent de faire croire, la catastrophe démographique des médecins n’aura pas lieu », relève le syndicat, qui cite l’apport significatif de médecins diplômés à l’étranger et la proportion importante de médecins en cumul emploi-retraite.
« Cependant, nuance la Confédération, l’augmentation de la part des exercices mixte et salarié dans les années à venir traduit la crise profonde de la médecine libérale. La lourdeur du métier de médecin libéral, peu reconnu et peu valorisé, pèse sur le manque d’installations et profite à l’exercice salarié ». Sur ces bases, la CSMF attire l’attention du prochain gouvernement sur… la crise sanitaire qui s’annonce.
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