Des habitants du Fumelois (Lot-et-Garonne) interpellent aujourd'hui leur communauté de communes avec une pétition réclamant un meilleur accès aux soins, mis à mal par le départ de plusieurs généralistes non remplacés.
« Nous, habitants du Fumelois… sommes menacés dans ce qui devrait pourtant être une priorité, l'accès à des soins efficaces dans un délai raisonnable. Nous sommes de plus en plus nombreux à rencontrer les pires difficultés pour nous soigner ! » Cet extrait de la pétition (déjà près de 400 signatures) invite la communauté de communes du Fumelois à se saisir d’une situation urgente : la pénurie de généralistes.
« La situation est vraiment dramatique, confirme le Dr Nathalie Pauliac, généraliste à Fumel. Nous étions 15 médecins il y a 10 ans, nous ne sommes plus que 6 [dans une agglomération de 12 000 habitants]. En un an, nous avons perdu quatre généralistes : retraite, maladie, départs dans d’autres communes… Énormément de gens n’ont plus de médecins. Il faut 15 jours pour obtenir un rendez-vous, nous consultons jusqu’à 21h30, nos secrétaires sont épuisées. Nous ne pouvons prendre de nouveaux patients ; j’accepte les conjoints ou les enfants, mais pas au-delà. »
Même constat au cabinet du Dr Éric Guffond dont l’épouse explique : « A 63 ans, mon mari s’épuise au travail, mais il n’a pas le cœur de refuser des patients sans médecin. On ne s’engage pas à les suivre d’une façon pérenne, mais on leur propose de venir à notre consultation libre. »
1 200 patients sans médecin
À la communauté de communes, le Dr Christian Saint-Béat, vice-président, reconnaît près de « 1 200 patients sans médecin ». Il annonce l’installation prochaine de deux kinés, une gynécologue et le lancement d’un projet de maison médicale dont il informera, mardi prochain, les pétitionnaires.
En attendant, la pétition offre son lot de témoignages édifiants : « Plus de docteur depuis plus de quatre mois et aucun dispo. à Fumel. » « Depuis le départ de notre médecin traitant, nous avons beaucoup de difficultés à faire soigner nos enfants en bas âge. » « Mon mari est diabétique insulino-dépendant et nous n'avons plus de médecin traitant. » « Notre médecin a pris sa retraite, nous sommes obligés d'aller à 20 km pour trouver un médecin de référence. Pour le moment, on peut encore conduire, mais après… » « Maman d’un petit garçon, sans permis de conduire, je n’ai plus de médecin à proximité. Reste à croiser les doigts pour qu’il n'arrive rien ! »
Dans une région économiquement sinistrée et géographiquement enclavée, le combat fumélois pour attirer de nouveaux généralistes est loin d’être gagné…
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