Honoraires libres mais obligations de service : l'UFML-S propose un conventionnement du troisième type

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Publié le 27/01/2022
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Crédit photo : PHANIE

Alors qu'on pensait avoir tout tenté en matière d'incitations pour répondre à la question des déserts médicaux, l'UFML-S a lancé, jeudi matin, un pavé dans la mare parmi ses dix propositions aux candidats à l'élection présidentielle.

En effet, le dernier venu sur l'échiquier syndical, habilité par le ministère de la Santé depuis l'été dernier à prendre part aux négociations avec l'Assurance-maladie, recommande un conventionnement d'un nouveau genre, permettant de mixer exercice libéral et exercice hospitalier, liberté tarifaire et contraintes de travail.

Vacations

« Nous proposons un nouveau mode de conventionnement entre les médecins libéraux, l'Assurance-maladie et les mutuelles », a expliqué à la presse le Dr Henri Guérini, radiologue à Paris et vice-président du syndicat. Dans ce cadre, les médecins exerceraient à honoraires libres et les complémentaires s'engageraient à rembourser aux patients 200 à 300 % du tarif Sécu, voire l'ensemble du dépassement tarifaire « dans les déserts médicaux », imagine l'UFML.

En contrepartie, les praticiens travailleraient également en dehors de leur cabinet d'installation, une journée par semaine : soit à l'hôpital, soit en ville dans un désert médical. Le syndicat envisage le dispositif pour une période de sept ans, à l'issue de laquelle le médecin passerait automatiquement en secteur II s'il reste au même endroit ou alors pourrait conserver le même conventionnement dans un désert médical. S'agissant de la partie hospitalière de l'exercice, « il va falloir mener avec les hôpitaux une négociation sur une rémunération qui soit attractive » pour ces vacations, considère le Dr Guérini, « choqué » du montant de la rémunération actuelle d'un attaché à l'hôpital.

Visite à 100 euros

Plusieurs autres propositions de l'UFML-S pour lutter contre les déserts médicaux « qui avancent » et pour « redresser notre système sanitaire » sont d'ordre financier : revalorisations des honoraires avec des compléments « selon le temps passé » ou le nombre de motifs dans la consultation, revalorisation de la visite du généraliste à 100 euros ou encore défiscalisation totale de l'exercice des médecins retraités en zones déficitaires.

Mais le syndicat avance également des idées organisationnelles : bons de transport pour les patients qui ne peuvent se déplacer au cabinet du généraliste ou création de « plateaux d'urgences libérales et de soins ambulatoire de relais » (Pulsar) combinant imagerie et biologie et pouvant être adossés par exemple à une maison médicale de garde.

Blocs médicaux itinérants

L’UFML-S plaide également pour l'autorisation de l'exercice multisite. Elle imagine même la création de « blocs médicaux itinérants », des camions « comme en Chine », comprenant « personnels soignants, plateau d’imagerie et plateau de biologie en lien numérique avec structures hospitalières ».

Le syndicat a commencé à faire passer discrètement ses propositions à certains candidats. Il entend poursuivre crescendo, pendant toute la campagne électorale, la grève de la permanence des soins ambulatoire (PDS-A) qu'il a lancée en fin d'année dernière pour inciter les candidats à s'intéresser à la médecine de ville. « Le mouvement a commencé à prendre pendant les vacances de Noël, notamment dans le Nord et en Occitanie, dit le Dr Jérôme Marty. Pour l'instant, en raison de la pandémie, nous sommes sur une grève à la japonaise, c'est-à-dire que nous invitons les médecins à se déclarer grévistes auprès de leur ARS mais à répondre néanmoins aux réquisitions. Ensuite, nous allons monter en grade. » Le point d'orgue sera, lors du premier tour de la présidentielle, qui donnera lieu à « une grève totale et illimitée ».


Source : lequotidiendumedecin.fr