Une des solutions à la pénurie médicale serait-elle de continuer à travailler (beaucoup) après 70 ans ? Généraliste à Vieux-Berquin (Nord), le Dr Christian Zalejski, 72 ans, n'est pas pressé de quitter son cabinet. Depuis son installation dans ce gros village en 1976, il n'a « pas vu le temps passer, ni vu l'âge arriver. » « Et puis je n'étais pas prêt du tout ! », confie-t-il.
Il y a quelques années pourtant, ses patients ont commencé à lui parler de la retraite, sa femme et ses enfants aussi… « Pour mon bien, je crois », précise-t-il. Mais à cette époque, pas question même d'envisager de raccrocher le stéthoscope !
La retraite, pas si simple
Il faut dire qu'une très forte culture du travail imprègne sa famille de mineurs puis de boulangers. Il confie qu'il ne peut absolument pas « rester sans rien faire » et se rappelle que son « père était déjà très critique sur les retraités ». Lui-même a eu parfois le sentiment que les retraités remplissent leur temps libre de manière un peu artificielle…
L'exercice médical est une passion, un moteur. Il a vu des confrères décéder peu de temps après avoir cessé leur activité. Et apprécie de ne pas être contraint par une limite d'âge. « La médecine n'est pas un métier très fatigant, on peut travailler longtemps », juge-t-il.
Le Dr Christian Zalejski prendra certes un jour sa retraite… à condition de trouver quelqu'un qui veuille le remplacer et « passe bien » avec les patients. « Je ne suis pas encore mûr, mais j'y pense. A part si j'ai un problème de santé, je n'ai pas envie d'arrêter tout de suite », confie-t-il.
Question de rythme
L'idée de disposer de temps libre ne lui déplaît pourtant pas : il pourra profiter de sa famille, pratiquer l'équitation et lire davantage mais aussi… remplacer à l'occasion des confrères ou, éventuellement, s'engager dans des actions humanitaires. « Je vois quand même des retraités heureux », admet-il. Mais il craint que « le rythme de la patientèle », très intense, qui scande son quotidien depuis 43 ans, lui manque.
Aujourd'hui, il travaille encore « 12 heures par jour, parfois 14 », à part le mardi où il essaie de se faire remplacer. « Mais je ralentis, assure-t-il. Avant, je commençais toujours avant 8 heures et j'arrêtais vers 22H30. Depuis trois ou quatre ans, je travaille plus doucement. Cela me plait énormément, je prends plus de temps pour discuter. Je découvre parfois, 35 ans après, des choses dont je n'avais pas eu connaissance parce qu'on travaillait vite, on traitait le problème présent. » Sa pratique aussi a évolué : cela fait belle lurette qu'il ne pratique plus d'accouchements comme à ses débuts.
Le Dr Zalejski, qui exerce avec trois autres médecins, a publié plusieurs fois une annonce pour trouver un collaborateur (ou une collaboratrice) afin de préparer sa succession. Mais il n'a pas croulé sous les réponses. « Deux ou trois médecins sont venues, raconte-t-il. Elles ont vu le type de pratique et finalement elles ont trouvé un poste à l'hôpital à Lille ! Je pense que cela se fera… Dans un an peut-être, mais cela se fera. Il faudra bien. »
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique