A l’AP-HP, la « pression T2A » au banc des accusés

Publié le 03/05/2012
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« La vie à l’hôpital, c’est l’enfer » : ce syndicaliste SUD santé l’assure, il ne fait pas bon travailler à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour sa propre santé. Suppressions d’emplois, charge de travail galopante, impossibilité de poser ses congés : tout, dit-il, concourt à fragiliser les professionnels. Plusieurs décès sur site, notamment à la Pitié-Salpêtrière, renforcent le malaise.

Le DRH de l’AP-HP, Christian Poimboeuf, admet qu’il y a « un fond de vérité » lorsque les syndicats évoquent « la pression de la tarification à l’activité » (T2A). Conjuguée à la perte du sens collectif, cette pression « renforce le sentiment de souffrance au travail ».

L’AP-HP planche activement sur la question des risques psychosociaux. Formations à la prévention, déclenchement d’une cellule psychologique à chaque tentative de suicide, ouverture d’enquêtes pour établir « l’arbre des causes », mais aussi réflexion autour de l’organisation du travail… « Il faut des temps de parole, des sas de décompression. C’est à nous de les organiser », expose Christian Poimboeuf, qui souhaiterait que les agents n’enchaînent pas plus de 3 journées de 12 heures d’affilée, pour des raisons de sécurité. Mais la question de l’organisation se heurte à celle du recrutement : une équipe stable s’organise mieux, or l’AP-HP souffre d’un turn over très élevé.

Le DRH du CHU, psychologue de formation, mise aussi beaucoup sur la communication. « Un personnel ouvrier submergé par le nouveau système informatique s’est suicidé il n’y a pas très longtemps, relate-t-il. Il n’avait pourtant pas vocation à travailler dessus. Le directeur de site a réexpliqué les enjeux de ce nouveau système à tout le personnel ouvrier, qui a compris, et qui adhère aujourd’hui au changement ».

D. CH.
RCP

Source : Le Quotidien du Médecin: 9122