« Médecine générale, courage, fuyons! ». Tel est le titre provocateur de l’ouvrage du Dr Paul Le Meut, ancien généraliste libéral, aujourd’hui médecin coordonnateur en établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD). En 2010, le Dr Le Meut, épuisé, dévisse sa plaque après 22 ans de carrière en libéral. « C’était une décision politique, explique-t-il au « Quotidien ». Je savais que les choses n’avanceraient pas pour nous, le débat étant au niveau national bien trop concentré sur les spécialistes et les hospitaliers ». Dans ce livre qui « s’adresse à tous les gens concernés par la pénurie de médecins de premiers recours », le médecin analyse les causes de la désertification médicale à travers son expérience du terrain.
N’hésitant pas à parler d’un travail de « cadre supérieur au rabais », le Dr Le Meut évoque au fil des pages des confrères « à bout de souffle » et « dépossédés » de leur cœur de métier, les soins de premier recours. « Nous avons été finalement écartés de ce champ d’activité avec les discours convenus sur notre peu d’intérêt pour la chose et notre incompétence », écrit-il avec amertume.
Le médecin dénonce encore le « sentiment d’injustice » ressenti par la profession à chaque reproche de l’assurance-maladie et des tutelles à son encontre, et ce malgré la satisfaction des patients, régulièrement saluée dans les études et sondages.
Volontiers pessimiste, Le Dr Le Meut l’est aussi sur les propositions dans l’air du temps pour lutter contre la désertification médicale. La coercition ? Totalement inefficace, au vu de la « très grande polyvalence » du médecin généraliste qui, s’il est forcé à exercer ici, se reconvertira dans tout autre chose là. L’exercice de groupe ? « Je dirige une thèse à la faculté de Rennes qui est sur le point de montrer que travailler en maison de santé peut être facteur de stress supplémentaire », rétorque-t-il. Le recours aux médecins étrangers ? « Comme les jeunes médecins français, ils privilégient le salariat ». Le Dr Le Meut préfère évoquer dans ce livre une autre solution : le recours aux assistantes médicales sur le modèle des assistantes dentaires. « Plutôt que déléguer aux pharmaciens, aux sages-femmes, à tout un chacun sans réfléchir, on peut redonner du temps médical aux médecins. Autrement et intelligemment », conclut-il.
« Médecine générale, Courage, fuyons ! », du Dr Paul Le Meut. Editions Perce-Mémoire, 200 pages, 16 euros, avril 2012. À commander sur www.mg-livre.net
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