Sarkozy prend acte de la « crise identitaire » des libéraux

Le président valide l’ordonnance du Dr Hubert

Publié le 02/12/2010
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Crédit photo : S. toubon/« le quotidien »

C’EST UN DÉPLACEMENT en grande pompe que le président de la République a entrepris mercredi dernier pour montrer l’intérêt qu’il porte aux médecins libéraux. Nicolas Sarkozy s’est rendu en Basse-Normandie accompagné de pas moins de deux ministres, Xavier Bertrand et Nora Berra, d’une ancienne ministre de la Santé, Élisabeth Hubert et de son nouveau conseiller social à l’Elysée Jean Castex. Le président de la République a d’abord effectué une rapide visite du pôle de santé libéral et ambulatoire ouvert en septembre dernier dans le bourg de 2 500 âmes d’Orbec (Calvados). Il a ensuite participé à une table ronde au cours de laquelle il a répondu aux questions de trois médecins généralistes, d’une infirmière et d’une patiente. Il a annoncé à cette occasion qu’il allait prendre des premières mesures d’ici la fin de l’année pour répondre à la « crise identitaire » de la médecine libérale. « Xavier Bertrand et Nora Berra vont s’atteler à la mise en place des proprositions contenues dans le rapport que m’a rendu Élisabeth Hubert la semaine dernière », a indiqué le chef de l’État. « Le monde médical est aujourd’hui en situation de défiance vis-à-vis des politiques à qui ils reprochent de faire beaucoup de discours et de ne pas prendre de décisions. »

Le président a précisé le plan d’action de son gouvernement réalisé en concertation avec les professionnels pour préserver une offre de santé médicale en libéral. « Vous n’aurez pas longtemps à attendre, a-t-il lancé aux quelque 300 personnes réunies dans le centre culturel d’Orbec. Les premières mesures seront prises avant la fin de l’année. Elles le seront toutes avant la fin 2011. » Ces dispositions, a-t-il ajouté, concerneront la formation des médecins, la simplification administrative et la rémunération.

Reprenant à son compte plusieurs propositions du rapport que lui a remis la semaine dernière Élisabeth Hubert sur l’avenir de la médecine de proximité (« le Quotidien » du 29 novembre), il a déclaré la vouloir « réhabiliter la filière de médecine générale ». « Nous souhaitons augmenter le nombre de maîtres de conférence, et aider les médecins installés à accueillir les internes. Nous ne comptons pour l’heure que seulement 3 500 maîtres de stages il nous en faudrait deux fois plus », a martelé Nicolas Sarkozy. Il a également insisté sur la nécessité de rendre « obligatoire » le passage des futurs omnipraticiens « chez un médecin généraliste » pendant leur formation. « Nous devons augmenter, pendant l’internat, les période de stage et aligner le recrutement des enseignants de médecine générale sur celui des autres disciplines. »

Bertrand, pilote de la concertation.

Pour faciliter le regroupement des professionnels de santé, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’un « nouveau véhicule juridique adapté à la situation des pôles de santé libéraux » serait mis en œuvre. Il pourrait intégrer la proposition de loi portée « dès les premières semaines de 2011 » par le sénateur UMP des Hauts-de-Seine Jean-Pierre Fourcade (« le Quotidien » du 8 novembre). Un guichet unique pour tous les professionnels de santé doit par ailleurs voir le jour « avant le 1er juillet 2011, au sein des agences régionales de santé » pour faciliter la création des structures d’exercice regroupé.

Le président a rappelé l’objectif du gouvernement de créer 250 maisons de santé d’ici à 2012. « La médecine est face à une crise identitaire. Les médecins aiment leur métier, mais ils ne sont pas à l’aise avec leurs conditions d’exercice et doivent aussi faire face au problème de la répartition du temps consacré à la médecine et celui dévolu aux taches administratives », a poursuivi Nicolas Sarkozy. Le chef de l’État a annoncé la mise en place, avant la fin de l’année d’une « instance permanente de simplification administrative » pour parvenir, au premier trimestre 2011, « à la suppression de la paperasserie ». Le président souhaite voir évoluer la rémunération sur la base d’un « système en trois étages » (lire aussi ci-dessous). Le ministre de la Santé Xavier Bertrand a de son côté déclaré qu’une instance de concertation avec l’assurance-maladie et les représentants des professions de santé serait installée avant la fin de l’année.

La visite de Nicolas Sarkozy chez les médecins libéraux bas-normands est fortement symbolique. Elle intervient après que le chef de l’État a laissé entendre qu’il pourrait être candidat à sa succession à l’Elysée. Plus qu’une opération de reconquête du corps médical, le déplacement de Nicolas Sarkozy à Orbec marque peut-être l’entrée en campagne du président de la République.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8869