Deux syndicats de biologistes – les Biologistes médicaux et le Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH) – ainsi que le Conseil national professionnel (CNP) de la spécialité mettent en cause la pertinence des listes d'actes et examens que peuvent effectuer, demander ou prescrire les infirmiers de pratique avancée (IPA). Ces actes – dont plusieurs relèvent du domaine de la biologie médicale – ont été définis dans un arrêté paru en mars, qui est venu élargir sensiblement le champ de compétences des IPA.
Biologie médicale délocalisée
Plusieurs actes nouvellement autorisés sont « non justifiés, obsolètes, voire non recommandés par la Haute Autorité de santé (HAS) ou en dehors des règles de remboursement des actes par l’Assurance-maladie », affirment les représentants des biologistes médicaux, qui n'ont « pas été concertés ».
Parmi les actes pointés du doigt figure le dosage de l'hémoglobine par "Hemocue". « Cette technique est un acte de la biologie médicale délocalisée soumis à l'accréditation et réalisé sous la responsabilité des biologistes médicaux (...), plaide la profession. La phase pré-analytique est la cause de 70% des erreurs en biologie médicale et le dosage de l’hémoglobine a des conditions strictes d’utilisation avec risques de résultats faussement abaissés en cas de mauvaise utilisation », détaillent les médecins spécialistes. Pour « éviter des transfusions inutiles », les biologistes appellent à « cadrer » l'utilisation de ce dosage par les professionnels de santé – dont les IPA – en tant qu’examen de biologie délocalisé.
Vitesse de sédimentation, vitamine D…
La profession s'interroge ensuite sur la justification de plusieurs examens inclus dans la liste des actes réalisables par les IPA. Ainsi le dosage de l’amylase est jugé « obsolète dans le diagnostic de pancréatite et remplacé depuis 13 ans par le dosage de la lipase ». C'est le cas aussi de la vitesse de sédimentation, « examen obsolète, sauf indication très rare, remplacé de longue date par d’autres marqueurs de l’inflammation plus pertinents ». Idem pour la prescription de la vitamine D, pour laquelle « les indications sont très limitées », et qui est concernée par « un travail de maîtrise médicalisée des volumes ».
Enfin, s'agacent les biologistes médicaux, « pour quelle raison imposer la prescription spécifique de Phadiatop et non pas un autre examen de dépistage allergologique ? Dans quel contexte sa prescription est-elle justifiée ? »
Tous regrettent la rédaction des nouvelles règles du jeu « sans échanges préalable avec des experts du diagnostic biologique ». Dans ce contexte, ils souhaitent « la réécriture du texte » en concertation aussi avec leurs « collègues prescripteurs et IPA ». Et de prévenir que « les biologistes médicaux, engagés dans la pertinence des actes biologiques et la maîtrise médicalisée, ne peuvent répondre à des prescriptions d’examens obsolètes, non recommandés par la HAS ou hors des règles de nomenclature ».
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