L'hospitalisation à domicile reste méconnue des généralistes… mais marque des points

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Publié le 06/12/2017
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Crédit photo : S. Toubon

50 % des généralistes jugent que l'hospitalisation à domicile est « peu connue » des médecins libéraux, révèle une enquête* ViaVoice pour la Fédération nationale de l'hospitalisation à domicile (FNEHAD), présentée ce mercredi lors des Universités d'hiver à Paris. Et seuls 13 % d'entre eux déclarent avec certitude que l'hospitalisation est « bien connue » par les praticiens de ville.

L'information semble faire cruellement défaut : un généraliste sur deux souligne ne jamais avoir reçu d'informations particulières sur la HAD et, dans ce contexte, 60 % d'entre eux aimeraient recevoir des précisions sur la prise en charge et sur les indications pour prescrire plus souvent de l'hospitalisation à domicile. Une ignorance qui peut surprendre alors que les médecins traitants sont précisément considérés comme les principaux passeurs d'informations sur la HAD par deux tiers des Français !

Près d'un tiers des médecins généralistes perçoivent d'ailleurs l'hospitalisation à domicile comme « systématiquement consécutive » à une hospitalisation classique, alors qu'elle peut être prescrite directement par le médecin traitant. 

Dans le même registre, les généralistes attribuent principalement la prescription de la HAD aux praticiens hospitaliers (85 % des réponses avec plusieurs items possibles) puis au médecin de ville à 69 %, au médecin coordonnateur (63 %). 

Des atouts reconnus mais...

Pourtant, les médecins sondés mesurent les avantages de ce modèle de prise en charge : 55 % jugent que la HAD améliore la qualité de vie du patient et de son entourage et qu'elle répond à une vraie demande. Les citations positives suivantes portent sur la diminution de potentiels effets indésirables (48 %) et le soutien pour la prise en charge de patients complexes (34 %).   

Encore plus révélateur, 82 % des généralistes estiment qu'une prise en charge en HAD offre une qualité de vie « supérieure » par rapport à une hospitalisation classique. Sur la qualité des soins en revanche, l'approche est plus mesurée : 55 % des omnipraticiens la jugent « équivalente » à une hospitalisation classique (17 % supérieure, 25 % inférieure). Enfin, 45 % des généralistes relèvent que ce mode de prise en charge représente un « coût inférieur » pour le patient.

Une forte charge de travail 

L'enquête révèle surtout les contraintes et les risques d'une HAD tels qu'ils sont perçus par le praticien. Pour les trois quarts des généralistes, le temps consacré n'est pas assez valorisé et 69 % d'entre eux font valoir que ce mode de recours « alourdit leur charge de travail ». Pour 37 % des praticiens, la demande de HAD est trop compliquée !

« Nous avons la responsabilité de mieux faire connaître notre activité, et notamment auprès des médecins, concède le Dr Élisabeth Hubert, présidente de la FNEHAD. Nous avons bataillé pour que l'hospitalisation à domicile soit présentée aux étudiants en médecine, dans la réforme du 3e cycle, et nous sommes habilités au DPC. »

La fédération entend mettre en place une « microcommunication » au niveau territorial, pour redonner confiance aux généralistes et apaiser leurs inquiétudes.

En dix ans, des progrès majeurs

Ces initiatives pourraient permettre à la HAD de décoller enfin, veut croire Élisabeth Hubert. En 2016, plus de 4,9 millions de journées ont été réalisées (au coût moyen de 198 euros par jour) et quelque 110 000 patients (âgés de 62 ans en moyenne) ont été pris en charge par plus 313 établissements.

Selon une étude de la Drees (ministère) publiée mardi, l'activité de HAD a plus que doublé depuis 2006 – de deux à cinq millions de journées. En dix ans, la part de la HAD dans l’hospitalisation complète de court et moyen séjour a également plus que doublé, passant de 2 % à 5 %. Les pansements complexes et soins spécifiques sont la principale cause de prise en charge (28 % de l'activité en 2016 soit 1,3 million de journées), devant les soins palliatifs.

Le taux de recours (indicateur privilégié) varie fortement entre les départements : 24,5 jours pour 100 000 habitants en 2016 pour la Haute-Corse, le Val-de-Marne ou le Pas-de-Calais mais moins de 13,2 jours en Alsace, dans le Doubs ou l'Aude.

L’HAD reste dominée par les secteurs privé à but non lucratif et public, mais la place du secteur privé à but lucratif progresse : il concentre 15 % de l’activité en 2016, contre 4 % dix ans plus tôt. 

* Enquête réalisée en ligne du 30 octobre au 3 novembre auprès d'un échantillon représentatif de 1 003 Français de 18 ans et plus ; et du 13 au 31 octobre 2017 auprès d'un échantillon de 300 médecins généralistes, méthode des quotas.


Source : lequotidiendumedecin.fr