Une université d’été placée sous le signe de la contestation

Loi de santé, élections aux URPS : la CSMF galvanise ses troupes

Publié le 10/09/2015
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Cent cinquante cadres de la CSMF sont attendus à l’université d’été, rendez-vous incontournable de la rentrée médicale, à la fois vitrine syndicale et moment de brainstorming stratégique. Le timing ne pouvait pas mieux tomber cette année, juste avant l’examen au Sénat du projet de loi de santé contre lequel la profession est vent debout.

« Cette édition sera un temps fort de la mobilisation contre cette petite loi de santé, affirme le président Jean-Paul Ortiz. Ce sera l’occasion de réaffirmer notre opposition au tiers payant généralisé, aux mesures d’exclusion des cliniques privées et au démantèlement de notre métier. » Toujours favorable au tiers payant social, la CSMF a lancé un mot d’ordre inédit de « désobéissance civile » à chaque nouvelle étape d’application obligatoire de la dispense intégrale d’avance de frais.

Le syndicat a également décidé de boycotter la grande conférence de la santé de Manuel Valls, estimant que cet espace de concertation tardif n’est qu’un écran de fumée.

S’opposer et proposer

Alors que les discours syndicaux se sont radicalisés contre la réforme de Marisol Touraine avec plusieurs mots d’ordre de fermeture des cabinets libéraux les 3 et 5 octobre, la Confédération entend se démarquer.

« À la CSMF, on s’oppose ET on propose. Nous avons toujours su nous mobiliser contre les projets de loi délétères mais nous continuerons à réfléchir pour construire l’avenir », souligne le Dr Ortiz.

Des experts aux profils variés ont été invités à l’université d’été : économistes de la santé (Jean de Kervasdoué, CNAM), chercheurs (Yann Bourgueil, IRDES), le directeur de la CNAM, Nicolas Revel, des mutualistes et assureurs (Stéphane Junique, vice-président de la Mutualité et Bernard Spitz de la FFSA), des hommes politiques (le socialiste Gérard Bapt et le Républicain Arnaud Robinet) mais aussi le philosophe Luc Ferry ou le président du LEEM Patrick Errard. Marisol Touraine a en revanche décliné l’invitation, voulant officiellement signifier sa neutralité en période préélectorale.

Un mot d’ordre : le respect du médecin

Entré tôt en campagne pour les élections aux URPS, le premier syndicat médical, qui avait recueilli un tiers des suffrages exprimés (pour les trois collèges électoraux en 2010) remettra en jeu son leadership chez les médecins libéraux le 12 octobre, date limite du vote par correspondance.

Seule centrale à avoir présenté cette année une liste dans tous les collèges et toutes les régions, la Conf’ mise sur son implantation territoriale et son expertise pour gagner ces élections. Son président a entamé un tour de France et se rendra dans toutes les capitales régionales d’ici à la fin du scrutin. La CSMF a axé sa campagne sur le « respect » de la médecine libérale. « Il faut préserver notre liberté d’installation et de prescription », argumente le patron de la CSMF.

En cette rentrée, la Confédération s’est illustrée sur le terrain tarifaire en revendiquant un tarif de 30 euros minimum pour une consultation. « Le C à 23 euros, pour une profession qui a fait dix ans d’études, c’est indigne ! », s’offusque le Dr Ortiz. Le directeur de la CNAM Nicolas Revel a aussitôt souligné que la marge de manœuvre financière serait étroite avec un ONDAM historiquement bas fixé à 1,75 % pour 2016 et 2017. « Nous ne proposons pas de dépenser plus mais de dépenser mieux, expose Jean-Paul Ortiz. Il faut désengorger les hôpitaux et prendre enfin le virage ambulatoire. Finies les incantations, il faut passer aux actes. »

Ch. G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9431