La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a ouvert ce vendredi, sur la presqu’île de Giens, sa traditionnelle université d’été. Quelque 150 cadres confédérés ont répondu présent au rendez-vous de rentrée du syndicat. Beaucoup, parmi eux, portaient un tee-shirt blanc avec un slogan : « Oui à la désobéissance civile, non à la loi de santé ! »
Ce temps fort s’inscrit cette année dans un contexte particulièrement tendu. Il se déroule à la veille du début de l’examen au Sénat, lundi 14 septembre, du projet de loi de santé qui cristallise la colère de la profession et à un mois presque jour pour jour des élections professionnelles.
« Les troupes sont très remontées, explique le Dr Pierre Lévy, ancien secrétaire général de la CSMF, 40 ans de cotisation au compteur. La loi de santé est l’étendard du mécontentement avec le tiers payant généralisé. Mais ce dont souffrent le plus les médecins, c’est la déconsidération dont ils sont l’objet. »
Camouflet
A ce titre, l’absence de Marisol Touraine, officiellement pour respecter un principe de neutralité avant le scrutin aux URPS, est vécue par certains comme un camouflet.
Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, a ironisé ce vendredi sur cette absence. « La CSMF s’est tellement opposée à sa loi de santé que la ministre a décidé de ne pas venir, sentant sans doute que nous manifesterions une nouvelle fois notre refus de ce texte délétère pour la médecine libérale, a-t-il affirmé. Cette loi, nous n’en voulons pas ! » « Les médecins en ont marre et oscillent entre la colère et le fatalisme », confie dans les travées un généraliste passablement énervé.
Ça bouge en région
Illustration de ce courroux de moins en moins contenu, une soixantaine de médecins généralistes et spécialistes ont manifesté en milieu de journée devant la CPAM de Toulon contre la loi de santé et pour dénoncer le harcèlement des caisses.
« C’est emblématique, on a voulu nous empêcher de manifester avec notre camion devant la CPAM, les médecins ont broyé la barrière », explique le Dr Luc Duquesnel, président de l’UNOF, la remuante branche généraliste de la CSMF.
Le Dr Duquesnel, qui a entrepris un tour de France, se dit surpris de la capacité des médecins à se mobiliser. A Laval, une centaine de généralistes de la Mayenne, excédés par le blocage du C à 23 euros, ont décidé de passer d’autorité leur consultation à 25 euros à compter du 1er janvier 2016. En Charente-Maritime, les généralistes de deux secteurs de garde, réquisitionnés de 20 h à minuit, menacent de « partir en grève ».
« Les médecins voient rouge, ils ne supportent plus le harcèlement des caisses et de recevoir toutes ces lettres revenant sur leurs prescriptions, parfois à tort », confie le Dr Michel Durenque, généraliste dans le Lot-et-Garonne.
Garder son leadership
Ce climat d’exaspération peut-il contribuer à radicaliser le vote des médecins ?
« On observe la montée du poujadisme dans le discours de certains de nos adversaires, déclare un médecin spécialiste, mais lors des précédentes élections, les médecins ont montré qu’ils savaient être raisonnables. »
La CSMF espère gagner les prochaines élections professionnelles et maintenir son leadership malgré la montée en puissance des coordinations et les actions d’éclat lancées par d’autres syndicats – marche de la santé qui réunit ce week-end des médecins de la FMF, du SML, du BLOC et de l’UFML, ou encore concurrence de MG France qui appelle à une fermeture reconductible des cabinets début octobre.
Lors du dernier scrutin en 2010, la Confédération avait obtenu un tiers des suffrages pour l’ensemble des trois collèges. « Les mecs ont la pêche, ils sont boostés par la campagne, explique le Dr Patrick Gasser, président de l’UMESPE, la branche spécialiste de la CSMF, qui a établi des fiches thématiques par spécialité à destination de 50 000 professionnels... On s’oppose mais on sait aussi être force de proposition, c’est pour ça qu’on est restés les premiers ».
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