Le gouvernement entend conforter le premier recours

Marisol Touraine donne des gages aux médecins généralistes

Publié le 27/06/2012
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Crédit photo : S. TOUBON

APRES l’hôpital public, la médecine générale. Invitée en clôture du 6e congrès de médecine générale, à Nice, la ministre de la Santé Marisol Touraine a prononcé un discours fondateur consacrant une nouvelle « approche territoriale de proximité » du système de santé centrée sur la médecine de premier recours et le généraliste. En agissant de la sorte, la ministre a pris ses distances avec la loi « Hôpital, patients, santé et territoires », décriée par les libéraux pour son « hospitalocentrisme ». Marisol Touraine a même surpris en souhaitant que l’hôpital puisse retrouver sa juste place, notamment celle « d’appui à la médecine de proximité », la médecine générale et les équipes de soins étant au cœur du système. « C’est le médecin généraliste qui doit conserver la responsabilité du parcours de ses patients », a-t-elle expliqué.

Territoires.

En pratique, la ministre veut désormais « confier une responsabilité de santé aux acteurs de proximité, pour un territoire et pour une population », autour de nouveaux services déclinés au plus près du terrain. « Nécessairement variables », ces territoires peuvent comprendre « jusqu’à 40 000 habitants en zones urbaines ». Sur le papier, le principe est simple : chaque territoire sera doté d’un « pôle de santé de proximité » pourvu d’une équipe pluridisciplinaire dont « le binôme médecin/infirmier constitue le noyau ».

Une « commission territoriale d’accès aux soins » (Agence régionale de santé, élus locaux, assurance-maladie, rectorat, médecine du travail, PMI et santé scolaire) construira la politique de santé avec les professionnels concernés. « Une contractualisation avec les équipes de soins de proximité viendra concrétiser la mise en œuvre de ces politiques, a expliqué Marisol Touraine sans plus de précisions. Elle permettra de rémunérer l’engagement des équipes sur certaines priorités, comme la prévention ».

Le pari du gouvernement est que cette approche permettra de réorienter les soins sur les priorités de santé et de prévention identifiées localement, et donc de mieux répondre aux besoins.

Nouvelle génération.

Quels modes de rémunération et surtout quels moyens et à quelle échéance ? Sur ces points cruciaux, Marisol Touraine est restée prudente. Elle a néanmoins évoqué deux « directions » : « une part forfaitaire autour de la fonction de médecin traitant, modulée en fonction des objectifs de santé publique » et une « rémunération du travail en équipe », accompagnée de « services » aux équipes de soins. Autant d’objectifs censés répondre aux attentes de la nouvelle génération. Certaines mesures seront d’ordre conventionnel (national), d’autres mises en place localement. Des premières dispositions devraient intégrer le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2013, discuté à l’automne.

Applaudi à plusieurs reprises, le discours de Marisol Touraine a été également salué par les syndicats.

MG France, dont la ministre a repris plusieurs concepts, a reconnu « les signes d’une grande ambition pour la médecine générale et pour les soins de premiers recours ». Le syndicat réclame néanmoins « les moyens de sa réalisation ». Se réjouissant de la « priorité donnée à la médecine de proximité », la CSMF attend elle aussi des gages en monnaie sonnante et trébuchante. « Il n’y a pas plus de financement que l’an passé, prévient le Dr Michel Combier, président de la branche généraliste. Reste à savoir dans quelle enveloppe on va devoir "piquer" ».

Tiers payant et incitations.

Si la nouveauté du discours portait sur l’approche territoriale, Marisol Touraine a réaffirmé d’autres priorités. La négociation sur l’encadrement des dépassements d’honoraires, qui débutera mi-juillet, « doit aboutir », a mis en garde la ministre. En matière d’installation et de démographie, elle ne croit pas à la coercition. Et le tiers payant sera déployé, comme promis par François Hollande, notamment pour les consultations de premier recours. Sur la formation, la ministre « apporter[a] son soutien » à la nomination d’enseignants titulaires, à l’ouverture de postes de chefs de clinique en médecine générale et aux stages en libéral dès le second cycle. Quid enfin du développement professionnel continu ? Le dossier du DPC « très lourd à mettre en œuvre », ne sera pas déconstruit. Mais Marisol Touraine préfère « se donner encore quelques jours » pour en démêler les fils.

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9149