QUATRE mois après l’installation du gouvernement Ayrault, les signes qui traduisent, au mieux l’impatience, au pire l’exaspération des médecins libéraux, s’accumulent. Au moins quatre facteurs expliquent ces tensions et ces crispations.
Le calendrier d’abord : le mois de septembre (lorsque se finalisent les arbitrages budgétaires sur la Sécu et les mesures d’économies) est toujours propice aux discours médicaux revendicatifs ou martiaux. Il est de bon ton de réclamer avec vigueur, comme MG France ou la CSMF (lire ci-dessous), des financements prioritaires pour la médecine libérale.
À cet agenda classique s’ajoute cette année un round crucial de négociations conventionnelles où se jouera, en deux mois, la liberté tarifaire des médecins libéraux et donc le sort du secteur II. L’affaire est suffisamment grave pour mettre en alerte les praticiens installés et la jeune génération.
Il y a - troisième point - les incertitudes liées à l’arrivée d’un nouveau gouvernement de gauche. Certains discours ministériels inquiètent, jugés trop « hospitalocentrés », quand d’autres propos ont suscité au contraire de fortes attentes (expérimentations sur le parcours de soins, renforcement du premier recours), sans mesure concrète pour l’instant.
Enfin, la CNAM a sans doute grippé certains rouages en durcissant, ces dernières semaines, sa politique conventionnelle sur des sujets sensibles comme les médicaments génériques ou le contrôle des arrêts de travail.
Le cocktail, in fine, est explosif. Et les marges de manœuvre financières très réduites. Marisol Touraine qui avait jusque-là donné des gages surtout à l’hôpital public a pris conscience de la situation et profite de la rentrée des syndicats médicaux (la CSMF hier, le SML la semaine prochaine...) pour délivrer à la profession des messages apaisants. L’enjeu est de taille : l’accompagnement des réformes en cours, dans le cadre d’un nouveau pacte avec les libéraux, ou le début des hostilités avec la médecine de ville.
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