À L’ÉTRANGER, des programmes d’aide aux médecins rencontrent un grand succès.
En Catalogne, un hôpital sur les hauteurs de Barcelone accueille les praticiens malades en exercice. La prestation est gratuite et confidentielle : le médecin change de nom à l’entrée dans le programme. Au Québec, un organisme* fait de la prévention et facilite la réinsertion au travail. Stricte confidentialité là encore, et 90 % de taux de satisfaction. L’attente est forte : le nombre d’appels a été multiplié par dix en 20 ans.
En retard, la France commence à réagir. Secouées par les récents suicides au CHRU de Lille, les autorités sanitaires veulent mettre en place des observatoires régionaux du climat social et des risques psychosociaux à l’hôpital. Le projet a été confié aux Agences régionales de santé. Il s’agit de dénombrer en temps réel les suicides et tentatives de suicide à l’hôpital, et de développer la prévention.
Le suicide d’Éric Delous a marqué la communauté médicale, qui se mobilise également. Le Collège français d’anesthésie-réanimation songe à la mise en place d’un numéro vert national pour venir en aide aux anesthésistes-réanimateurs en souffrance. Un module sur l’erreur médicale a été introduit à la faculté de médecine de Montpellier, tandis qu’un diplôme interuniversitaire basé à Nîmes est également consacré à l’erreur médicale. Les six inscrits – il s’agit de la première session - sont tous médecins expérimentés. « Je leur conseille de parler tout de suite avec la famille, raconte le Pr Denis Vincent, responsable du DIU. Je cite l’exemple d’un chef de clinique qui a drainé une artère pulmonaire en raison d’une particularité anatomique. Il a tué son patient en une minute. Lors de l’expertise, j’ai expliqué qu’il n’y a pas eu de faute : la famille a compris ».
Déverrouiller la parole.
Autre initiative, en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon : l’association MOTS (médecins organisation travail santé) a mis en place une plateforme téléphonique pour les médecins qui craquent (n° d’appel : 06.08.28.25.89). Au bout du fil, une secrétaire et un médecin spécialiste en santé au travail, qui garantissent une confidentialité totale. Le burn out est le premier motif d’appel. Sur les dizaines d’appels reçus, seuls quatre concernent une plainte en cours ou la crainte d’un procès, preuve que la peur du jugement reste forte. « Ce n’est pas parce qu’on a fait une erreur qu’il faut se suicider : c’est le message que l’on délivre, avec d’autres mots », expose le Dr Philippe About, président de l’association.
Pour déverrouiller la parole, des colloques intitulés « gamelles et râteaux » permettent aux chirurgiens orthopédiques de revenir collectivement sur leurs échecs au bloc. Le Dr Marc Henry a animé une session, il raconte que lebut est defaire parler la salle autour de dossiers qui ont connu des complications. « Cela plaît », dit-il. À signaler également, les jeux de rôle qui reproduisent une expertise médicale, organisés par certains organismes de gestion des risques. Les médecins y apprennent la conduite à tenir, de façon à ne pas se retrouver par la suite dans une situation psychologiquement inextricable.
* Informations sur le programme d’aide aux médecins du Québec : www.pamq.org
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