Éditorial

Oubliés ?

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Publié le 15/12/2020

Qu'on le veuille ou non, impossible de dissocier le bouillant universitaire marseillais de la pandémie qui secoue l’Hexagone depuis 9 mois. Au cœur de l’été, le président Macron a d’ailleurs cru bon de rendre visite au Pr Raoult dans la cité phocéenne. Omniprésent dans les médias au fil des semaines – quoique refusant la plupart des demandes d’interviews - le mandarin au visage de druide aura su séduire une part non négligeable de la population, si l’on en croit les sondages. Il y a quelques mois, une étude avait tenté de dessiner le profil de ses soutiens, marqué notamment par une forte défiance vis-à-vis des institutions. L’influence de Didier Raoult auprès de ses pairs est plus difficile à cerner. Mais les courriers de lecteurs reçus par « Le Quotidien » ces derniers mois et les commentaires postés sur notre site au moindre article évoquant l’infectiologue marseillais montrent que le sujet ne laisse pas du tout indifférents les médecins. À l’évidence, une partie du corps médical s’est même retrouvée dans la croisade du patron de l’IHU pour la prescription de l’Hydroxychloroquine. Et notamment, il faut le dire, certains prescripteurs, que l’absence de traitement curatif disponible aura frustré au plus haut point, dès le début de la crise. Ce groupe de partisans est difficilement quantifiable. Mais, s’ils sont sans doute minoritaires parmi les blouses blanches, leur périmètre s’étend à l’évidence bien au-delà des 200 confrères marseillais qui avaient pris la plume en septembre pour voler au secours de celui que l’Ordre menaçait de ses foudres. Cela méritait bien d’enquêter sur ces confrères dont les dénominateurs communs pourraient être un antiparisianisme viscéral, un réflexe pavlovien de défiance vis-à-vis des décideurs et une revendication farouche d’indépendance. Peut-être cet attachement exprime-t-il aussi le (res)sentiment de certains praticiens de terrain qui ont eu l'impression d'être un peu oubliés dans l’urgence de la situation.

Jean Paillard