MG France repart à l’offensive et demande avec insistance que le généraliste soit officiellement reconnu médecin traitant des enfants de 0 à 16 ans et, à ce titre, puisse bénéficier du forfait spécifique de 5 euros par patient et par an (les moins de 16 ans sont aujourd’hui écartés par la loi du système du parcours de soins).
Le syndicat souhaite également que cesse la « discrimination » envers la médecine générale qui est la seule spécialité à ne pas pouvoir coter la majoration MPJ (5 euros) lors des consultations d’enfants de 6 à 16 ans (comme elle ne peut appliquer la MPC de 2 euros pour les patients de plus de 16 ans).
MG France a exposé ces revendications à Marisol Touraine, lors d’une rencontre au ministère de la Santé, quelques jours avant un colloque consacré à la santé de l’enfant qu’il organise ce jeudi 22 mai à Paris.
Santé publique
« Nous souhaitons que la prochaine loi de santé, qui devrait être examinée par le Parlement au début de l’année 2015, entérine la création de ce forfait de médecin traitant de l’enfant », déclare son président, le Dr Claude Leicher. Il s’agit de « corriger » la loi du 13 août 2004 sur le parcours de soins, en supprimant cette fois toute notion d’âge. Une prise de position habile alors que la future loi de santé doit inclure un large volet prévention, avec des objectifs précis et quantifiés.
MG France fait valoir que dans la pratique les médecins de famille sont les interlocuteurs privilégiés des enfants. « Le généraliste assure 80 % des consultations des enfants et voit en moyenne un adolescent par jour », explique le Dr Margot Bayart, vice-présidente de MG France dans le Tarn.
La part d’actes réalisés par les médecins de famille auprès des enfants se renforce au fur et à mesure que ces derniers avancent en âge (voir Repères). « Il est nécessaire que les parents désignent un médecin traitant pour leur enfant – ou deux si les parents sont séparés – de façon à ce que l’on puisse mettre en œuvre des politiques de santé publique pour cette population », argumente Claude Leicher.
Agacement des pédiatres
Le colloque du 22 mai sera l’occasion pour le syndicat de souligner la place prépondérante du généraliste dans la prévention et le dépistage des déficits sensoriels (vision, audition), le repérage des troubles du langage, le suivi vaccinal ou encore dans la détection d’un éventuel mal-être chez l’adolescent. Une étude, qui sera présentée, montre que les jeunes « suicidants » consultent davantage, « en priorité leur médecin généraliste (70 %) ».
Le gouvernement est-il prêt à faire un geste tarifaire sur cette classe d’âge ? En novembre dernier, lors du congrès national de MG France, Marisol Touraine avait entrouvert la porte d’une extension du système du médecin traitant. Mais depuis... silence radio. Et l’assurance-maladie doit faire 10 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017...
La France compte plus de 13 millions d’enfants âgés de 0 à 16 ans. La seule généralisation du forfait médecin traitant représente un coût potentiel compris entre 65 et 70 millions d’euros par an. Sans compter l’éventuelle application d’autres majorations ciblées.
En tout état de cause, le Syndicat national des pédiatres français a peu apprécié la revendication de MG France et s’oppose à toute « contrainte de désignation d’un médecin traitant ». Les pédiatres réclament le maintien du système actuel qui préserve un libre accès à la pédiatrie, « dans un souci d’égalité d’accès aux soins ». MG France a précisé qu’il ne voulait pas de « pénalité de parcours » (via le remboursement) pour les enfants qui ne déclarent pas de médecin traitant.
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