Est-ce parce qu’ils sont engagés contre le projet de loi de santé qu’ils ont la dent dure ? Les syndicats de médecins libéraux ont en tout cas accueilli fraîchement le second plan de lutte contre la désertification médicale présenté par Marisol Touraine au congrès du collège national des généralistes enseignants (CNGE).
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) juge que cette panoplie de mesures, fussent-elles incitatives, ne « résoudra pas tous les problèmes ». « La dizaine de mesures de ce pacte territoire santé sont un premier pas mais sont insuffisantes pour pallier les déséquilibres régionaux », affirme le syndicat. Surtout, le fameux virage ambulatoire cher au ministère de la Santé ne dispose toujours pas de « réels moyens », ajoute la Confédération. « La facture s’élève à 200 millions d’euros étalés jusqu’à 2017 », a précisé Marisol Touraine.
Certains engagements sont tout de même salués comme la généralisation des stages en cabinet de ville en 2e et 3e cycles en médecine générale et leur ouverture en gynécologie, ophtalmologie, pédiatrie, cardiologie et dermatologie. Mais ce nouveau plan, qui amplifie le premier pacte présenté fin 2012, « manque d’envergure » et de « mesures ambitieuses », analyse aussi le syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG).
Le syndicat est circonspect sur l’utilité des contrats de praticiens territoriaux de médecine générale (PTMG), désormais ouverts aux autres spécialistes, qui garantissent un revenu minimum (3 640 euros mensuels net). Un montant facilement atteint dans un désert, constatent-ils. Surtout, ce modèle s’essoufflerait. « Environ un contrat sur deux qui est proposé est signé », relate le SNJMG (480 sur 850). Par ailleurs, la majorité des signataires du dispositif bénéficieraient déjà d’une bourse dans le cadre d’un contrat d’engagement de service public (CESP) dont l’objectif cible a été porté à 1 700 signataires d’ici à 2017.
Plus d’étudiants formés dans dix régions
Le numerus clausus sera augmenté de 6,5 % dans dix régions, soit 131 étudiants supplémentaires admis en 2e année (Auvergne 10 %, Centre 9 %, Bourgogne 7 %...). L’objectif est de les fixer sur leur zone de formation. Une nouvelle plateforme (www.paps.sante.fr) a été ouverte pour accompagner les professionnels de santé qui souhaitent s’installer (aides, cartographie, offres d’emplois, démarches et contacts...).
Afin d’encourager le travail en équipe pluridisciplinaire, le ministère veut porter à 1 000 le nombre de maisons de santé d’ici à 2017 (contre 800 aujourd’hui) et soutenir financièrement 200 projets interpro (aide au secrétariat mutualisé entre médecins). La télémédecine en ville bénéficiera d’un soutien de 40 millions d’euros.
Un signal a été adressé à la filière universitaire de médecine générale, salué par le Syndicat national des enseignants (SNEMG), qui attend la concrétisation. Afin de permettre à tous les étudiants de réaliser un stage d’initiation à la médecine générale, le ministère favorisera le recrutement des maîtres de stage (sur les 8 000 recensés, 4 500 sont habilités à encadrer des étudiants de 2e cycle). Leur rémunération sera revalorisée, a promis Touraine.
Le nombre de généralistes chefs de clinique sera doublé (de 80 à 160) d’ici à 2017. Pour doper la recherche clinique, chaque département devra compter dans deux ans une maison ou un centre de santé labellisé universitaire. Les internes pourront participer à la permanence des soins ambulatoires, « ce qui permettra de les sensibiliser à l’ensemble du métier de généraliste », se réjouit l’ISNAR-IMG.
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