Créé en 2020 par le Dr Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur, le collectif Santé en danger se veut lanceur d'alerte sur la souffrance au travail des soignants. En lien avec l'association Soins aux professionnels en santé (SPS), le collectif vient de mener une vaste enquête en ligne, du 26 novembre 2020 au 10 janvier 2021, qui témoigne de la dégradation du moral des personnels.
D'une manière générale, sur les 1 877 professionnels de santé ayant répondu (dont 83 % de salariés hospitaliers et trois quarts de paramédicaux), 97 % affirment ressentir un accroissement de leur souffrance au travail depuis qu'ils ont commencé à exercer. Près de 6 répondants sur dix avouent ressentir cette souffrance « fortement », soit entre 7 et 10 sur une échelle de 0 à 10.
Jeter l'éponge
Surtout, ce vécu douloureux a déjà donné l'envie à trois quarts d'entre eux (74,6 %) de jeter l'éponge et à 46,7 % de pleurer sans pouvoir s'arrêter. Seuls 5 % des personnels de santé interrogés déclarent ne jamais avoir été concernés par l'envie d'abandonner son poste ou une souffrance au travail.
Pour plus de 70 % des professionnels, la période de crise sanitaire a dégradé les conditions de travail, même si les motifs de souffrance au travail sont protéiformes. Le manque de reconnaissance est citée par 80 % des soignants, devant le manque d'effectifs (71,4 %), l'augmentation des cadences (59,5 %) et les ingérences liées au management (54,1 %). Près de 30 % des professionnels évoquent les difficultés liées à un harcèlement moral.
Audit
Dans ce contexte, deux tiers des répondants ont déjà envisagé une reconversion professionnelle (67,1 %). Plus de 8 soignants sur dix ont consulté au moins une fois un professionnel en lien avec cette souffrance au travail (généraliste, psychologue ou psychiatre). Toujours sur ce panel de répondants, 38 % ont déclaré avoir été mis en arrêt de travail et 34,2 % ont pris des traitements médicamenteux.
Parmi les solutions avancées de protection, le fait d'être mieux « reconnus » (84,5 %) ou « entendus » (76,6 %) est cité en priorité. Six soignants sur dix évoquent une meilleure formation des responsables aux spécificités du terrain.
Fort de ces résultats, le collectif Santé en danger envisage de réclamer un audit sur la souffrance au travail au sein des hôpitaux. « Comment des soignants dont le mental est ébranlé peuvent-il assurer les soins des usagers ? », déclare le Dr Thomas Brosset, chirurgien à Cavaillon, membre du collectif Santé en danger.
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