Après la bataille pour les Unions, l’union dans la bataille.
La CSMF, la FMF, le SML, MG France et Le BLOC, mais aussi l’Union française pour une médecine libre (UFML), ont (momentanément) enterré la hache de guerre. Il aura fallu des trésors de diplomatie au Dr Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des ORL, pour constituer ce front syndical contre la loi santé (que l’Assemblée examinera en seconde lecture à partir du 16 novembre). « Jusqu’au dernier moment, la réunion commune [dans un grand hôtel parisien, mercredi dernier] a failli ne pas se tenir », confiait-il, soulagé.
Un intérêt supérieur a rassemblé la première force syndicale affaiblie par le dernier scrutin (CSMF) et les opposants les plus radicaux qu’elle qualifiait très récemment de forces « poujadistes ». Il fallait un objet unanime de rejet – la loi de santé ou plutôt le tiers payant généralisé obligatoire – pour cimenter le courroux des généralistes, spécialistes et médecins des plateaux techniques lourds.
À la clé : une résolution syndicale commune qui invite « tous les médecins, quel que soit leur sensibilité, secteur d’exercice ou spécialité, et les autres professionnels de santé » à participer au mouvement d’arrêt d’activité à partir du vendredi 13 novembre et « en s’associant aux actions diverses, grèves de la permanence des soins, manifestations régionales ou nationales dans les jours qui suivront ».
Non à la conférence Valls
Au-delà de ce mouvement de grève qu’une soixantaine de coordinations locales vont relayer sur le territoire, tous les syndicats appellent leurs confrères à ne pas mettre en œuvre (le moment venu) le tiers payant généralisé obligatoire.
Pour occuper le terrain, ils organiseront des assises de la médecine libérale à Paris le 11 février, dans la même ville à la même date que ... la grande conférence de santé de Manuel Valls qu’ils boycotteront.
Les syndicats s’engagent même à établir une plateforme commune en vue des négociations avec la CNAM.
Cette union n’est-elle que façade ? Résistera-t-elle à l’enquête de représentativité syndicale, à la préparation en bilatérale des prochaines négociations conventionnelles attendues au printemps 2016 ?
Rien n’est moins sûr. Deux blocs se dessinent entre les avocats d’un combat dur pour le retrait de la loi (ou du moins son report lointain) et les adeptes d’une loi rectificative et de l’obstruction aux décrets.
Gouvernement inflexible
En dépit de l’exaspération de la profession, la donne a changé depuis la manifestation nationale du 15 mars qui avait réuni dans la capitale 50 000 professionnels de santé (majoritairement médecins et internes) contre la loi Touraine. Si les praticiens libéraux disposent toujours du soutien (timide) des cliniques privées, ils n’ont plus celui des internes et des chefs qui sont « passés à autre chose ». Surtout, le Premier ministre s’est montré inflexible au congrès de l’Ordre national des médecins et n’a pas cédé un pouce sur le calendrier du tiers payant généralisé.
Confrontée à des attaques croisées qui alimentent le malaise (voir ci-contre), la profession s’emploie à réunir ses forces pour être audible. Elle cherche aussi à gagner les faveurs de l’opinion publique, en allant au-delà de la défense des intérêts catégoriels.
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