Après un plan de lutte régional contre les déserts médicaux en Ile-de-France, Valérie Pécresse lance cette fois un plan de lutte national contre les déserts médicaux par la voie de son mouvement politique « Libres ! ». Composé de 130 élus de droite, ce groupe de réflexion a été créé en septembre 2017 par la présidente de la région francilienne afin de se démarquer de la ligne Wauquiez au sein de la famille politique Les Républicains.
« Libres ! » plaide pour la mise en place de « révolutions » pour éradiquer les déserts médicaux. Parmi les 17 préconisations pour y parvenir, Valérie Pécresse propose aux médecins généralistes exerçant en territoires sous-dotés un big bang de la rémunération. Première nouveauté : la signature d'un « mandat de santé publique » qui ouvre droit à une rémunération ad hoc « pour marquer la reconnaissance et l'appui de la collectivité à leurs missions spécifiques ». « Cela permettra à l'État, aux régions et à l'Assurance-maladie de contractualiser un certain nombre d'objectifs attendus comme le suivi de la vaccination ou la permanence des soins, en contrepartie d'un financement renforcé et d'un support à leur organisation (secrétariat, remplacement, système d'information) », précise le document.
Lier la rémunération au résultat
Autre constat de Valérie Pécresse : « Le paiement des médecins à l'acte apparaît pour bon nombre d'entre eux comme un système de rémunération dépassé qui ne tient pas compte de la complexité des patients. » L'élue estime même que ce mode de rémunération « fragilise les coopérations professionnelles en ne rémunérant pas les approches communes ». Il convient donc, toujours dans les zones en tension, « de développer les forfaits pour rémunérer à leur juste niveau les missions de santé publique réalisées par les médecins, non prises en compte dans le paiement à l'acte », peut-on lire.
La rémunération des équipes de soins pluriprofessionnelles doit aussi être « repensée », en développant là encore les forfaits globaux et en finançant les frais de coordination des équipes.
Sur la même veine, l'élue souhaite « recentrer les aides et incitations financières » à l'installation et conditionner leur attribution à l'atteinte d'objectifs de santé publique fixés pour éviter « les effets d'aubaine constatés, très coûteux pour l’assurance-maladie ».
Le groupe de réflexion veut stimuler le cumul emploi retraite en exonérant les médecins en zone sous-denses de leurs cotisations retraite.
Création d'un nouveau statut d'infirmier praticien
Les délégations de tâches et les pratiques avancées sont aussi privilégiées. Cela passe notamment par la création d'un nouveau statut d'infirmier praticien. À la suite d'une formation universitaire renforcée, ce dernier pourra « réaliser en pleine autonomie des consultations approfondies, prescrire et assurer un suivi plus développé des patients ».
Autre proposition : redonner envie de s'installer aux médecins libéraux en soutenant le développement d'équipes de soins primaires et de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Les maisons de santé pluridisciplinaires, même si elles ne sont pas « une solution miracle », doivent être facilitées, indique le document.
Les membres du mouvement veulent enfin « stimuler l'intérêt des étudiants pour la médecine générale », en rendant obligatoire la réalisation de 50 % de stages en cabinet en zones sous-dotées, et instaurer un numerus clausus régional. Surtout, ils souhaitent changer la sélection en fin de PACES avec un entretien devant un jury, en plus des épreuves écrites, afin de mieux repérer les candidats « adaptés à l’exercice de la médecine, dans sa dimension humaine et sociale et pas seulement scientifique ».
Le document met enfin en avant le développement de l'exercice mixte pour redynamiser les territoires carencés et l'association des hospitaliers et des libéraux dans l'organisation de la permanence des soins.
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