La petite musique de ces dernières semaines autour du conventionnement sélectif commence à sérieusement agacer l’Union française pour une médecine libre (UFML). Pour prouver l’inutilité de la mesure, le syndicat du Dr Jérôme Marty a carrément proposé d’offrir 3 000 euros à tout maire « qui concédera être en zone sur-dotée en médecins ».
Alors que les prises de paroles d’élus locaux ou à l’Assemblée nationale se font de plus en plus présentes autour de la régulation à l’installation des jeunes confrères, le 4 août, le Twittos « DocPepper » a imaginé ce défi, sous forme de raisonnement par l’absurde.
« J'offre 1 000 euros de ma poche à l'association de son choix, si un seul maire en France, un seul, pense qu'il a trop de médecins sur sa commune et qu'il est prêt à en voir diminuer le nombre en obligeant les jeunes à aller dans des zones sous-dotées », lance le médecin des réseaux sociaux. Une bravade à laquelle s’est immédiatement associé le président de l’UFML, Jérôme Marty, abondant la cagnotte de 2000 euros.
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— DrPepper, docteur des entorses et des gardes à vue (@DocPepper_FR) August 3, 2022
J'offre 1000€ de ma poche (!) à l'association de son choix, si un seul Maire en France, UN SEUL, pense qu'il a trop de médecins sur sa commune et qu'il est prêt à en voir diminuer le nombre en obligeant les jeunes à aller dans des zones sous dotées.
1/ pic.twitter.com/30EQzSA7Ff
Piquer des médecins
Le défi est « très simple », ironise le généraliste de Fronton, interpellant l’Association des maires de France et des maires ruraux. Il consiste à trouver « ne serait-ce qu’un maire d’une zone sur-dotée ou normalement dotée, capable d’annoncer, par voie de presse, à ses administrés/électeurs que par solidarité il désire voir être votée une loi qui les privera de médecin quand leur médecin traitant partira à la retraite ».
« Je vous fais le pari que tous les maires en faveur de l'obligation d'installation pensent piquer des médecins à leurs voisins. Et qu’aucun n'est prêt à l'inverse », anticipe le créateur du défi DocPepper.
Car, pour l’UFML, les élus locaux qui rédigent des lois en faveur de la régulation à l’installation espèrent surtout « piquer » des médecins aux communes voisines, « supposées sous-dotées ». Le syndicat dénonce donc des propositions « populistes », qui se transformeront en « guerre de clocher ».
« Qui en France peut prétendre habiter dans une ville où il y a trop de médecins ? »
Mettre en place un conventionnement sélectif, c’est « déshabiller Pierre pour habiller Paul », pense le Dr Marty. Un constat qu’il partage avec les internes et étudiants en médecine, eux aussi convaincus de la contre-productivité d’une telle mesure.
Pour les jeunes, comme pour les séniors, le fond du problème est qu’il n’y a tout simplement pas de zones sur-dotées dans l’hexagone. « Qui en France peut prétendre habiter dans une ville où il y a trop de médecins ? », interpelle le Dr Marty, rappelant que « les Atlas démographiques publiés par le Conseil de l’Ordre sont formels : de telles zones n’existent pas. Il n’existe que des zones sous-dotées et des zones normalement dotées en médecins, n’en déplaise aux agences régionales de santé ».
Une logique vouée à l'échec
Le but avoué du défi est clair : montrer que cette logique est vouée à l’échec. D’autant plus que « la pénurie de médecins est aussi une pénurie de spécialistes. Quel maire appellera à ne pas remplacer son cardiologue, son dermatologue ou autre pédiatre ? », raille encore le généraliste de Fronton.
À la recherche du « maire qui a trop de médecins », l’UFML serait donc « ravie de lui offrir la cagnotte » de 3 000 euros. À bon entendeur !
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