« Liberté, égalité, fraternité en santé ! » C’est par ce mot d’ordre que France Assos Santé a introduit ce mardi 20 propositions pour la prochaine élection présidentielle. « Votre santé est trop importante pour la laisser aux seuls médecins ou aux seuls politiques », plaide l’union nationale des associations représentatives des usagers de santé, qui réunit 15 000 patients et près de 1 000 organisations.
À trois mois de l’échéance, cette association de référence créée en 2016 souhaite renforcer la place du patient dans le système de santé, consolider la démocratie sanitaire et garantir un égal accès aux soins. « Le niveau de revenu, le statut social, le lieu de résidence, l’état de santé physique et mentale ou le niveau équipement numérique, ne doivent plus être des freins d'accès aux soins ou source de discriminations », justifie Gérard Raymond, président de France Assos Santé.
Conventionnement sélectif
Pour porter « l’égalité en santé » auprès des candidats à la présidentielle, France Assos Santé remet ouvertement en question la liberté d’installation des praticiens libéraux. « L’égalité sur le territoire, c’est réguler la répartition des professionnels de santé par une contrainte d’installation dans les zones sous-dotées, en fonction des besoins », lance d'abord Gérard Raymond. En miroir, l’ancien président de la Fédération française des diabétiques défend une version dure de conventionnement sélectif car « il faudrait réserver le conventionnement aux médecins qui n’iront pas s’installer en zones surdotées ».
Pour garantir la continuité des soins, « il est grand temps d’évoluer sur la liberté totale d'installation des médecins, assume Gérard Raymond. D’autres professionnels de santé l’ont déjà fait, comme les pharmaciens, les infirmiers ». Pour espérer que les candidats portent cette proposition dans le débat national, « il faudra du courage politique, concède Claude Rambaud, vice-présidente de France Assos Santé. Mais on ne peut plus continuer comme ça ! ».
Pas question néanmoins pour la fédération de patients de forcer tous les jeunes confrères à s’installer dans un désert médical dès la fin de leur internat. « Ce n’est pas la bonne solution d’envoyer un jeune médecin au fin fond de l’Ariège s’il n’y a pas de véritable projet médical », estime Gérard Raymond, qui vante plutôt la création de maisons de santé pluridisciplinaires « pour passer d’une médecine solitaire à une médecine solidaire ».
Supprimer les dépassements d'honoraires
France Assos Santé propose également aux candidats à l'Élysée de privilégier les paiements au forfait plutôt qu'à l’acte. « Nous ne voulons pas la fin de la rémunération à l’acte mais nous considérons qu’il faut une prise en charge plus globale pour les 15 millions de malades chroniques », avance Gérard Raymond. À l’avenir, l’association imagine une enveloppe globale versée à l’équipe soignante, « médecin, infirmière de pratique avancée », dans le cadre du suivi « par exemple d’un patient diabétique, fondé sur les moyens mais aussi sur les résultats », souligne son président.
Alors qu'est relancé le débat autour de la « Grande Sécu » (extension du champ du 100 %), la fédération des usagers de santé réclame clairement « l’instauration d’un régime unique de Sécurité sociale, qui prendra en charge à 100 % toutes les dépenses de santé ». Le tout sans diminuer la qualité des soins « et en supprimant les dépassements d’honoraires », assène Gérard Raymond.
Taxe sur l'alcool
Les usagers avancent une série de mesures sur la prévention et la santé publique. À commencer par l’instauration d’une nouvelle taxe sur l’alcool, avec la mise en place d’un « prix minimum par unité ». France Assos Santé souhaite également que le futur président instaure des consultations gratuites en santé physique et mentale à des moments clé de la vie et qu'il lutte contre les pénuries de médicaments en relocalisant la production.
Ces propositions ont été coproduites avec un panel de citoyens. Elles seront disponibles sur la plateforme « Tous unis pour la santé ». « Nous nous tenons à la disposition des candidats pour échanger, avance Gérard Raymond et ouvrir le débat sur l’avenir de notre système de santé. »
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