Benjamin Thiry, psychologue, chargé d’enseignement à l'Université de Mons (Belgique), s'emploie à décrire le profil de ceux ou celles qui décident d'usurper une fonction ou un métier.
« Il existe peu d’études scientifiques sur ces imposteurs, c’est-à-dire ceux qui "volent" leur place sociale, explique-t-il. D’un point de vue psychologique, une question centrale est celle du rapport entre le moi et ses aspirations narcissiques. Chacun peut se surprendre à vouloir être une pop star mais accepte finalement de ne pas l’être ! Or, certains refusent cet écart, quitte à recourir à des moyens illégaux, à s’entourer de personnes susceptibles de les conforter dans l’idée qu'ils correspondent à leur idéal. » D'autres, ajoute le psychologue, « peuvent construire une réalité interne délirante au sein de laquelle ils jouent un rôle crucial de sauveur contre un monde extérieur organisé et menaçant. »
Que penser de l'affaire Samantha Avril, engagée comme médecin grâce à un faux diplôme ? « Son avocat invoque pour sa cliente une schizophrénie mais seule une expertise psychiatrique approfondie pourra permettre de confirmer cette hypothèse », souligne Benjamin Thiry. « Samantha Avril semble avoir été mue par des intentions altruistes. Elle aurait pu se faire passer pour une banquière mais elle s’est mise en position de soignante. Il est probable qu’elle ait été incapable d’accepter ses échecs scolaires antérieurs. D'où cette pensée contradictoire : je ne suis pas médecin mais je le suis quand même (on appelle ce mécanisme de défense le démenti). Le fantasme du sauveur pourrait ainsi prendre le dessus sur les autres considérations morales et éthiques. »
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