Le complotisme est-il l'enfant naturel du Covid ? Depuis le début de cette crise, on peut à bon droit se poser la question, tant les rumeurs les plus diverses fleurissent, révélant ici les vraies origines du virus, dénonçant là les pressions supposées de Big pharma pour bloquer le recours à de vieilles molécules ou fustigeant les intentions cachées d'inventeurs de vaccins désireux de suivre, via des nanoparticules cachées, les faits et gestes de leurs contemporains… La santé, il faut le rappeler, a en réalité toujours été un nid à fake news, tant elle est un terrain propice aux fantasmes, aux phobies et aux angoisses. Et l'intox n'a pas attendu internet. Il y a quelques décennies, un tract colportait les listes d'additifs alimentaires supposés cancérigènes, un autre alertait sur ces décalcomanies imprégnées de LSD qui allaient rendre accrocs les petits enfants, de bonnes âmes prévenaient que les étals d'agrumes étaient utilisés par les toxicomanes pour rincer leurs seringues imprégnées de VIH ; plus près de nous, on pointait pour certaines les liaisons dangereuses entre certains nouveaux vaccins et des pathologies redoutables.
Depuis plus d’un an, la pandémie a relancé de plus belle la machine à mensonges. Le plus redoutable dans cette dynamique délétère étant que la plupart des propagateurs les diffusent de bonne foi, les acteurs de santé n'étant pas toujours les derniers à y donner de l'écho. Avec le SARS-CoV-2, tous les ingrédients sont réunis pour que les fausses infos prospèrent à la vitesse… de la lumière : inquiétudes dans l'opinion face à une situation sanitaire lourde de menaces, incertitudes des décideurs sur l'évolution de la crise, frustrations des soignants privés de moyens thérapeutiques immédiats, remise en cause permanente des acquis scientifiques…
Ce tâtonnement constant donne l’impression que les autorités ne sont pas sûres d’elles. Et de fait, elles improvisent parfois… Évidemment, la présence « virale » quotidienne du Covid dans les médias et sur les réseaux sociaux n'arrange rien, entretenant les commentaires les plus divers qui nourrissent à leur tour bruit de fond et confusion. Sur un terreau d'autant plus fertile que nos sociétés ne vont pas bien : avant qu'un nouvel agent infectieux ne s'en mêle, les symptômes du populisme — trumpisme, brexiters, poussées des extrêmes… — étaient déjà patents, attestant d'un début de dépression collective, que la situation épidémiologique a finalement amplifié.
Autant dire que, dans ce contexte, la communication doit plus que jamais être partie intégrante de la stratégie de riposte à l'épidémie. Qu'il s'agisse de gestes barrières, de confinement ou de vaccins, les autorités ont compris que pour vaincre il leur fallait d'abord convaincre. Cet enjeu est mis en avant par le Dr Sylvie Briand de l'OMS dans nos colonnes. Et si c'était le principal défi du moment ?
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