Cela fait partie des réformes dont on parle peu, mais qui à terme pourraient changer en profondeur l’organisation des soins primaires à la française. La naissance des assistants médicaux il y a deux ans obéissait à une philosophie toute macronienne de transformation de la médecine libérale, dans une logique plus entrepreunariale et collective de l’exercice. Porté sur les fonts baptismaux par les pouvoirs publics, avec le parrainage de trois syndicats, la CSMF, MG France et le SML, ce nouveau métier n’a pas encore livré toutes ses promesses, loin de là. L’Assurance maladie tablait sur 4 000 contrats signés en 2022. Avec à peine plus de 2 500 à ce jour, on est encore loin du compte. Mais ses promoteurs se montrent « globalement satisfaits », compte tenu des retards à l'allumage inhérents à la pandémie. A en croire la Sécu, les premiers contrats se traduisent déjà par une augmentation des files actives de patients pris en charge. Et ces six derniers mois ont été porteurs : pas moins de 800 embauches supplémentaires dans cette nouvelle catégorie de personnels ont été recensées sur le terrain.
La dynamique va-t-elle s’amplifier dans les prochains mois ? Cela va dépendre d’abord du volontarisme de la CNAM qui a bien l’intention de ne pas lésiner sur les moyens, annonçant campagnes de promotion et démarchage des praticiens sur le terrain dans les semaines à venir pour « vendre » ce dispositif. À quelques mois de la présidentielle, les pouvoirs publics jouent gros dans cette affaire. Il faut que la greffe des assistants médicaux prenne dans les cabinets. C’est sans doute le moyen le plus rapide et le plus efficace pour augmenter l’offre médicale en zones sous-denses ; et partant améliorer l’accès aux soins dans les déserts médicaux, une thématique qui mobilise tant actuellement les élus et les candidats.
Pour autant, les médecins – qui jusqu'à présent ont été nombreux à se montrer hésitants — seront-ils prêts à s’engager demain dans un cadre objectivement avantageux pour eux, mais qui suppose une petite révolution conceptuelle de la part de la profession ? Un pas en avant pour enterrer le mode « artisanal » de l’exercice libéral et un autre pour entrer dans le monde des coopérations professionnelles. Les témoignages favorables des confrères pionniers auxquels « Le Quotidien » a donné la parole cette semaine pourraient inciter certains à sauter le pas. Mais l’adhésion des praticiens dépendra surtout de leur état d’esprit. Pour beaucoup, il s’agira de passer outre à une méfiance traditionnelle vis-à-vis de caisses qui subventionnent larga manu ce dispositif. Pour d’autres, cela dépendra tout bonnement de leur disponibilité du moment. Difficile en effet d’accepter de chambouler sa façon de travailler quand on est, comme beaucoup de nos lecteurs, la tête dans le guidon.
Exergue : Les témoignages de confrères pionniers inciteront-ils les plus réticents à embaucher à leur tour un assistant médical ?
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