« Éclairs lointains. Percée à Stalingrad » (1) est un livre hors du commun, qui évoque, sous la forme d’une fiction bouleversante de rudesse et de tendresse mêlées, l’enfer du « chaudron » de Stalingrad. Considéré comme le grand roman antimilitariste de la Deuxième Guerre mondiale, il a été écrit par un officier allemand, Heinrich Gerlach (1908-1991), alors qu’il était prisonnier des Soviétiques. Confisqué par les services secrets en 1949, un an avant que son auteur soit libéré, le manuscrit a été retrouvé au début des années 1990 par un universitaire allemand dans les archives russes. Un témoignage écrit dans l’urgence.
Un vrai roman russe : c’est ainsi que se présente « l’Archipel des Solovki » (2), qui raconte, à travers une improbable histoire d’amour entre un prisonnier et une gardienne, les débuts du Goulag. En 1923, dans une île de l’archipel Solovki, non loin du pôle Nord, un haut lieu monastique a été transformé en camp accueillant droits-communs, politiques, membres du clergé, soldats de l’Armée blanche et de l’Armée rouge, tchékistes… Dans le but de réprimer mais aussi de rééduquer. Du moins jusqu’à ce que le projet échappe à son créateur. Une foule de personnages, des scènes de genre, des discussions métaphysiques : Zakhar Prilepine, l’écrivain le plus populaire actuellement en Russie, ne ménage pas les effets. Et rend ainsi hommage à son grand-père, qui fut interné dans ce camp.
Des aventuriers
Dans « Kong » (3), tout est démesuré, qu’il s’agisse du grand singe, qui fait peur mais que l’on pleure quand il meurt, ou des auteurs du film « King Kong », Merian Cooper et Ernest Shoedsack, qui ont noué leur amitié au sortir de la Grande Guerre. Michel Le Bris raconte comment, pour rapporter les images les plus inouïes, les deux aventuriers se sont lancés dans de folles expéditions aux quatre coins du monde, où ils filment au plus près les souffrances et les désespérances. Glorifiés, ils se sentent cependant frustrés. Jusqu’à ce qu’ils abandonnent le documentaire pour la fiction la plus radicale. Commence alors, sous la direction d’un producteur surdoué, David Selznick, une autre épopée, celle du cinéma des années 1920, avec ses prouesses techniques, ses stars et ses nababs.
Faire du récit de la construction d’une cathédrale au Moyen Âge un best-seller mondial, est la réussite de Ken Follett, qui, après des romans d’espionnage (« l’Arme à l’œil », en 1978), s'est tourné vers le roman historique, avec « les Piliers de la terre », en 1989, vendu à 26 millions d’exemplaires. En 2007, « Un monde sans fin » nous ramenait à Kingsbridge deux siècles plus tard et aujourd’hui « Une colonne de feu » (4) nous installe au début de la Renaissance anglaise, avec l'accession au trône d'Elisabeth Ire. À travers de très nombreux personnages, en Angleterre, à Paris, en Espagne, sur les océans…, l'auteur fait revivre, sur un demi-siècle, l'horreur des guerres de religion, mêlant épisodes historiques bien connus, comme le massacre de la Saint-Barthélémy, et trajectoires individuelles.
À titre abscons, récit abscons, disons étrange. « Les Femmes sont des guitares (dont on ne devrait pas jouer) » (5) est signé du jeune surdoué de la littérature autrichienne Clemens J. Setz (« le Syndrome indigo »). Une jeune auxiliaire de santé, employée dans une clinique pour personnes mentalement et/ou physiquement déficientes, aux goûts peu ordinaires et aux habitudes particulières, s'inquiète. Pourquoi l’homme dont son patient – un jeune homme d’une trentaine d’années en fauteuil roulant très irascible – a détruit la vie en le poursuivant de son amour, continue-t-il de le visiter régulièrement ? S’agit-il de pitié ou des prémices d’une vengeance à venir ?
Comment devenir un homme ? Matthieu Jonc répond à la question en mettant en scène, dans « le Triomphe de Thomas Zins » (6), un adolescent de 15 ans qui, en 1983, a des rêves plein la tête, comme devenir écrivain et tomber amoureux. Or, dès l’entrée en classe de Seconde, la belle Céline répond à ses avances. Une victoire peut-être trop vite – ou trop tôt –, obtenue, qui va le conduire à faire l’expérience de l’insatisfaction, à s’interroger sur sa sexualité, à douter de ses talents, à s’abrutir dans une quête de succès érotiques et mondains, à passer en fait les dix années suivantes à gâcher son triomphe. Un roman d’apprentissage et un portrait des années 1980 pour le moins désenchantés.
La démesure est un terme qui s’applique évidemment à Christian Jacq, qui, entre ses ouvrages « égyptiens » et ses romans à suspense, a vendu plus de 27 millions de livres dans le monde. Avec « Urgence absolue » (7), il met à nouveau en scène Bruce Reuchlin, ce journaliste écossais qui, dans « Sphinx », était prêt à prendre tous les risques pour déjouer les plans diaboliques des nouveaux maîtres de la technologie. Sa mission est aujourd’hui de retrouver le seul homme capable, avec ses pouvoirs de chaman, de vaincre la Machine, laquelle, après avoir été créée par les humains, les condamne désormais à l’esclavage. Une course-poursuite d'Égypte en Inde, du Sri Lanka à la Sibérie.
On ne révélera rien de l’intrigue du livre de Michel Bussi, dont le titre, « On la trouvait plutôt jolie » (8), fait référence à la Lily de Pierre Perret, venue des Somalies pour vider les poubelles à Paris. L’héroïne du roman s’appelle Leyli, elle est malienne, mère célibataire de trois enfants de 21, 17 et 10 ans, et elle fait le ménage dans les hôtels à Port-de-Bouc, près de Marseille. Sa vie bascule le jour où on trouve le cadavre d’un cadre de l’association d’aide aux migrants de la ville, avec dans sa poche un bracelet de couleur et six coquillages. Michel Bussi, le 2e auteur le plus vendu en France, déroule le récit en quatre jours et trois nuits, du désert sahélien à la jungle urbaine marseillaise.
(1) Anne Carrière, 627 p., 24 €
(2) Actes Sud, 821 p., 26 €
(3) Grasset, 931 p., 24,90 €
(4) Robert Laffont, 923 p., 24,50 €
(5) Jacqueline Chambon, 990 p., 27,80 €
(6) Anne Carrière, 751 p., 23 €
(7) XO, 434 p., 21,90 €
(8) Presses de la Cité, 462 p., 21,90 €
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