Il était né en Roumanie, en 1929. Cinq ans plus tard, ses parents s’installent en France où il s’épanouira comme comédien, au théâtre comme au cinéma, et se mettra à écrire. Plus tard, Gilles Segal jouera, mis en scène par Georges Werler, ce texte qu’il avait écrit, « En ce temps-là l’amour » (1).
C’est un récit terrible. Parce qu’il a été touché par le sentiment d’avoir une responsabilité en étant un chaînon dans un fil familial, parce qu’il veut léguer une histoire très ancienne, un homme rapporte ce qu’il a vu et entendu, des années auparavant, dans un wagon en route pour Auschwitz. Pour protéger son fils de 12 ans, un père tente de lui faire vivre des journées ordinaires : apprendre ses leçons, travailler, etc.
Il y a quelque chose de peu crédible dans la situation rapportée. La promiscuité, le malheur, les odeurs insoutenables, le tas de cadavres qui monte, toute cette horreur imposée aux êtres, tout ce que Gilles Segal évoque, on a du mal à imaginer la proximité du père et du fils. Le narrateur le raconte avec précision. Comment croire à ces leçons, comment imaginer que ce mensonge puisse être tenu ? Comment croire que l’enfant adhère à cette mise en scène : évidemment l’enfant, sans doute, n’en croit rien. La complexité est là. Le père croit consoler son fils, mais c’est le fils, si fragile, qui tente de sauver son père. Une histoire terrible, reprise des années après sa création en 2001, et alors que l'auteur est mort en 2014.
Ce monologue éprouvant est joué par un comédien que l’on a souvent applaudi dans des comédies - mais jouer des rôles drôles est très difficile - et qui, ici, impose une gravité très impressionnante tout en n’étant jamais dans le pathétique facile. Mis en scène par Christophe Gand, David Brécourt est remarquable. Dans la pièce, le personnage est censé s’enregistrer et l’on voit les anciennes bobines tourner lentement (cela ne se passe pas de nos jours) et l’environnement, décor, objets, costumes, tout sonne juste. C’est le comédien qui importe, et, ici, sans jamais quitter une ligne rigoureuse, il impose une parole, en finesse, en subtilité, en toute pudeur. Mais, répétons-le, on est du côté de l’insoutenable.
Deux médecins en Pologne
C’est un ton bien différent qu’adopte Mélody Mourey, auteure et metteure en scène d’une comédie citée trois fois aux Molières la saison dernière, « Les Crapauds fous » (2). Une intrigue inspirée, nous dit-on, par une histoire véridique : durant la deuxième guerre mondiale, deux médecins polonais, inventent une épidémie de typhus pour sauver toute une population. Des comédiens jouent en alternance cette pièce à ficelles un peu voyantes et décors à changements rapides. Il manque un peu d’huile dans les rouages et un peu de précision dans le jeu. Il y a des personnages merveilleusement défendus et d’autres dessinés d’une manière un peu floue. Le choix du rire, de l’humain, le choix d’une simplicité affective souvent démonstrative, tout fait le bonheur d’un public nombreux et chaleureux.
(1) Théâtre des Mathurins, du mercredi au samedi à 21 heures. Dimanche à 16 h 30. Durée 1 h 15. Tél. 01.42.65.90.00, www.theatredesmathurins.com
(2) Théâtre de la Renaissance, tous les jours sauf lundi, à 19 heures. Durée 1 h 30. Tél. 01.42.08.18.50, www.theatredelarenaissance.com
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