JAZZ - ROCK - Rééditions

Coups de projecteur sur l’histoire

Publié le 02/05/2011
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AU COURS de leurs longues carrières, les chemins d’Ella Fitzgerald (1918-1996) et Oscar Peterson (1925-2007) se sont croisés à maintes reprises, principalement sous la houlette du producteur de disques (les labels Clef, Verve, Norgran et Pablo) et de l’impresario Norman Granz (1918-2001). La chanteuse reprenant les répertoires de George Gershwin et de Cole Porter, le pianiste étant mis à contribution dans tous les domaines. En 1973, Peterson fonde la maison Pablo, en hommage à son ami Pablo Picasso, qui va récolter en quatorze ans d’existence pas moins de 18 Grammy, dont trois pour Oscar et six pour Ella. C’est tout naturellement avec leur producteur fétiche que ces deux monuments du jazz se retrouvent en mai 1975 à Los Angeles pour enregistrer « Ella and Oscar » (Pablo/Fantasy/Concord/Universal), avec comme unique invité (sur quatre titres) le contrebassiste Ray Brown (1926-2002), compagnon de route du pianiste durant dix-huit ans et ex-mari de la chanteuse. Au programme, une collection de standards (dont quatre inédits) familiers des deux interprètes, qui donnent une grande leçon de swing, de scat, d’improvisation et d’émotion. La quintessence du duo chant-piano.

Art Blakey (1919-1990) fait, avec Kenny Clarke et Max Roach, partie de la trilogie des batteurs qui ont inventé le mode de percussion be-bop dans les années 1940. Cependant, Blakey ne fut pas qu’un batteur. Car, du jour de 1954 où il forme les Jazz Messengers avec Horace Silver (piano), il devient un leader d’hommes, dont certains vont acquérir le statut de géants du jazz. De Keith Jarrett aux frères Marsalis en passant par Wayne Shorter. Un Wayne Shorter jeune (il a 29 ans), que l’on retrouve aux côtés de Freddie Hubbard (trompette), Curtis Fuller (trombone), Cedar Walton (piano) et Reggie Workman (contrebasse) en juin 1963 en direct du club Birdland de New York dans « Ugetsu - Art Blakey’s Jazz Messengers at Birdland » (Riverside/Concord/Universal). L’atmosphère explosive et hyperrythmée dans laquelle les solistes déroulent leurs richesses d’idées et d’invention de cet enregistrement permet de (re)découvrir à quel point Blakey avait du nez et comment il parvenait à obtenir le meilleur des futurs meilleurs. Le talent à l’état pur.

Singulier.

Thelonious Sphere Monk (1917-1982), qui reste l’un des personnages les plus singuliers et énigmatiques du jazz par son approche harmonique et mélodique, a 40 ans lorsqu’il grave « Monk’s Music » (Riverside/Concord/Universal) en 1957. À ses côtés, son ancien boss et mentor, le vénérable Coleman Hawkins, un maître du drumming moderne, Art Blakey, et quelques étoiles à suivre, comme John Coltrane (ténor-sax), son protégé d’alors et membre de son quartet durant les sessions live au Five Spot, qui venait d’être chassé du quintet de Miles Davis pour des problèmes de drogue. Au menu (plus trois titres inédits), quelques-unes des compositions les plus emblématiques de l’univers du pianiste – « Ruby, My Dear », « Off Minor », « Epistrophy » ou encore « Crepuscule With Nellie ». Des titres sur lesquels les solistes se permettent des explorations et des improvisations créatives, troublantes pour l’époque mais classiques de nos jours. Un album mémorable.

« Thelonious Monk, The Quintessence, New York-Paris - 1947-1959 » (Frémeaux & Associés) est un florilège (2 CD) qui devrait venir en complément de la réédition précédente en raison des décennies essentielles qu’il couvre dans la carrière du pianiste-compositeur, à travers son répertoire innovant et la présence de sidemen importants, comme Art Blakey, Kenny Clarke, Max Roach, John Coltrane, Gerry Mulligan, Sonny Rollins, Miles Davis et autres grandes figures du jazz d’alors. Thelonious Monk à son apogée.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8953