Plusieurs fois favori pour le prix Nobel de littérature, Haruki Murakami faisait partie des quatre finalistes retenus par l’ONG la Nouvelle Académie, constituée afin de décerner un prix après la démission de l’Académie suédoise pour cause de scandale sexuel, mais l’écrivain japonais, désireux de rester à l'écart de l'agitation médiatique, a refusé la nomination. La lauréate a été la romancière guadeloupéenne Maryse Condé.
Âgé de 69 ans, l’auteur de « la Ballade de l’impossible », « Kafka sur le rivage » et « 1Q84 » donne avec « le Meurtre du Commandeur » (1) une nouvelle somme impressionnante en deux tomes, une odyssée qui oscille entre réalisme et fantastique. Dans la maison d’un vieil artiste où il a trouvé refuge après que sa femme a demandé le divorce, le narrateur, qui est aussi peintre, découvre un tableau représentant le meurtre d’un vieillard, le Commandeur. Dès lors, des choses étranges se produisent, comme si un autre monde s’était entrouvert.
Il est impossible de résumer ce roman-fleuve dans lequel Murakami s’interroge une nouvelle fois sur la vie et la mort, l’amour et le sexe, la violence et la solitude, la fragilité de l’individu et la transmission, sur la création artistique et les liens entre l’art occidental et la culture japonaise. Tout cela dans un troublant mélange de réel et de surnaturel et grâce à une abondance de détails qui mettent l’incroyable à notre portée.
L'écrivain japonais avait étudié le théâtre et le cinéma avant de tenir, pendant huit ans, un club de jazz à Tokyo. Grand amateur et connaisseur de musique classique, il livre dans « De la musique. Conversations » (2) six entretiens avec le chef d’orchestre Seiji Ozawa, son ami de longue date ; l’occasion de découvrir la vie et le travail du maestro, en résonance avec celle de l’écrivain.
Autre musicienne, Patti Smith, qui est aussi artiste (dessins et photographies) et écrivaine, auteure notamment de « Just Kids ». « Dévotion » (3) est un court ouvrage qui réunit quatre textes, parsemés de photos en noir et blanc. Le titre est celui de la nouvelle centrale du recueil, qui, à travers l’histoire d’une jeune patineuse estonienne surdouée, montre comment la passion nous fait vivre et nous détruit. Les autres parties répondent à ce récit, reprenant sous des formes différentes l’obsession créatrice qui anime Patti Smith. S’y mêlent des évocations de ses lectures préférées, des souvenirs personnels à Paris, où elle a ses habitudes, et surtout sa fascination pour le processus même de l’écriture.
Poète, nouvelliste et auteur d’une trentaine d’ouvrages (« Un bon jour pour mourir », « Légendes d’automne », « Dalva »), Jim Harrison est mort d’une crise cardiaque le 26 mars 2016 à l’âge de 78 ans. L’écrivain mondialement célèbre était aussi connu pour être un gros mangeur et une fine bouche, des qualités qu’il a exprimées sans modération en tant que critique gastronomique. « Un sacré gueuleton. Manger, boire et vivre » (4) réunit ses chroniques publiées dans la presse américaine, dans lesquelles il exalte les plaisirs de la table, du partage, de la chasse et de la pêche, et aussi le droit à l’excès. La France, les restaurants de sa capitale et son terroir, y sont évidemment célébrés, comme son amitié avec Gérard Oberlé,qui lui a concocté ce fameux gueuleton, pardon déjeuner, de 37 plats.
Rebelles et engagés
Daniel Rondeau, 70 ans, est un intellectuel engagé atypique. Après des études de droit, il a travaillé pendant quatre années à l’usine ; il a ensuite été journaliste dans les plus grands quotidiens et hebdomadaires, il a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, essais et romans (dont « Mécaniques du chaos », prix de l’Académie française 2017), il a été éditeur, ambassadeur à Malte en 2008 puis délégué permanent de la France auprès de l’Unesco de 2011 à 2013. S’il a abandonné rapidement le militantisme (après constat de mission impossible), il a troqué le bleu de travail pour une plume de questionnements et d’engagements. Ses causes ont été nombreuses : Pologne, Liban, Sarajevo, Belgrade, tragédie des boat-people en Méditerranée, islamisation des banlieues, chrétiens d’Orient et bien sûr indépendance de l’Europe. « Pas de survie pour la France sans l’Europe, pas d’Europe sans puissance, pas de puissance sans identité et sans volonté », exhorte-t-il. On retrouve son parcours dans « la Raison et le cœur » (5), qui rassemble des textes politiques et littéraires (certains inédits) écrits depuis 1984.
Forough Farrokhzad a grandi à Téhéran dans les années 1930, elle est devenue poète et la figure de proue du féminisme en Iran ; elle est morte en 1967, à 32 ans. Un personnage hors du commun que fait revivre Jasmin Darznik (d’origine iranienne, arrivée en Amérique à l’âge de 5 ans) dans une biographie romancée, « l’Oiseau captif » (6).
Étant donné le peu de documents disponibles sur son héroïne, Jasmin Darznik n’avait d’autre choix que de faire appel à son imagination pour combler les lacunes. Elle le fait joliment, dans un portrait qui montre d’emblée Forough Farrokhzad rétive à la soumission exigée par sa condition de fille, attirée très tôt par la poésie persane et l’écriture, mariée à 16 ans – pour divorcer ensuite et ne plus jamais être autorisée à voir son fils – et décidée à être reconnue comme poète et à conquérir sa liberté. En écrivant sur le sentiment amoureux, le désir et le plaisir, elle a révolutionné la scène littéraire iranienne.
(1) Belfond, 454 et 473 p., 23,90 € chaque volume (2) Belfond, 299 p., 22 € (3) Gallimard, 153 p., 14,50 € (4) Flammarion, 369 p., 21,50 € (5) Grasset, 402 p., 22 € (6) Stéphane Marsan, 395 p., 20 €
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