Il y a deux fils principaux, et plusieurs séquences dans « Contes et Légendes » (1). Joël Pommerat n’a pas choisi au hasard ce titre qui nous induit à penser que l’on est du côté de l’imagination, de la fiction. L’auteur de « Ça ira (1) Fin de Louis » prétend donc qu’il ne cherche pas la réalité. Mais il désignait ce grand spectacle sur la Révolution française, préfigurant la révolte des Gilets jaunes, comme « une fiction vraie ».
Dans « Contes et légendes », on est du côté de cette chimère. Joël Pommerat le dit, c’est l’enfance qu’il a voulu, d’abord, questionner. Relations, valeurs, transmission, éducation, règles, dialogues avec les adultes. Ce sont des adolescents que nous découvrons sur le plateau. Des gamins, des gamines. Des collégiens. On verra deux adultes, dans des partitions différentes. Classiques, père, mère, mais on fera aussi connaissance avec un coach en virilité…
Dans ce meilleur des mondes, celui qui a monté merveilleusement « le Petit Chaperon rouge » ou « Cendrillon » devine au-delà de notre société, que les robots ont fait leur entrée dans les familles. Et pas seulement au Japon, où Hiroshi Ishiguro poursuit ses fascinantes recherches. En 2012, on a applaudi à Gennevilliers une version des « Trois Sœurs » par Oriza Hirata avec un robot domestique, Robovie-R3, et une très troublante androïde, qui jouait, littéralement, avec les acteurs.
Dans « Contes et légendes », Joël Pommerat choisit de s’en tenir au pur théâtre. Ce sont des comédiens qui incarnent les robots. Mais là où il est encore plus fort, c’est que l’illusion touche aussi l’ensemble des ados, interprétés par des jeunes femmes, pas du tout des actrices débutantes.
On loue la perfection idéale de la représentation, la justesse des manières de parler et de s’entrechoquer des garçons et des filles, la vitesse des transformations, le son, les lumières, la direction d’acteurs qui est éblouissante. Mais évidemment, c’est dans les questions jetées sur le plateau, que réside le cœur du propos. Il y a beaucoup de fils qui se croisent et l’on pourrait discuter sans fin. Un ton grave, mais avec des poussées d’humour, jamais loin.
Le mystère de l'humain
Le hasard veut que, le même jour, on ait pu voir à Saint-Quentin-en-Yvelines, « Cerebrum, le faiseur de réalités » (2), une pièce imaginée et interprétée par Yvain Juillard, qui était Louis XVI dans le spectacle sur la Révolution. Biophysicien, spécialiste de la plasticité du cerveau, il a choisi de devenir comédien (« On s’interroge des deux côtés sur le même mystère, qu’est-ce que l’humain ? », dit-il) sans renoncer à ses recherches. Une forme de conférence avec appui de dessins, présence magnétique du savant et interprète, subjuguant jusqu’au jeune public, passionné et posant des questions très pertinentes.
(1) Nanterre-Amandiers, jusqu'au 14 février, durée 1 h 50 (tél. 01.46.14.70.00, nanterre-amandiers.com). Puis en tournée jusqu’au printemps.
(2) Namur du 16 au 29 janvier, Le Mans du 3 au 13 février, Bruxelles du 4 au 21 mars puis le 7 mai.
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