Les livres de l’été (4)

Des frissons de saison

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Publié le 17/07/2020
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Genre préféré des vacanciers, le roman policier englobe quasiment tous les sujets de réflexion et d’actualité, quand il ne se penche pas sur notre passé ou dans les tréfonds des âmes. Stratégie, suspense, frissons, émotions garantis.

* L’horreur renouvelée. Célèbre dès son premier roman (« le Monde de Charlie »), Stephen Chbosky a fait sensation outre-Atlantique avec « l’Ami imaginaire », qui s’inscrit dans la lignée des histoires de Stephen King, avec une dimension surnaturelle et horrifique étonnante. Cela débute « normalement » avec la disparition d’un petit garçon dans une forêt en Pennsylvanie et son retour quelques jours plus tard. Mais va suivre un long cauchemar qui touchera tous les personnages dans un crescendo de délire et de fantasmagorie (Calmann-Lévy, 749 p., 23,90 €).

* La musique mène l’intrigue. Christian Grenier est un auteur prolifique tourné vers la science-fiction, le policier et la jeunesse. Il est aussi amateur de musique classique, comme en témoigne « le Code et la Diva ». Poursuivis par des créanciers menaçants, deux frères doivent accéder au compte de leur richissime père décédé (assassiné ?) et pour cela résoudre les 80 devinettes et rébus musicaux qu’il a disséminés. Accompagnés par une cantatrice surgie de nulle part (Rouergue, 478 p., 23 €).

* Les ravages du star-system. Après le fantastique de son diptyque des « Limbes », Olivier Bal revient à la réalité des idoles actuelles. Une immense rock star vit retranchée dans un manoir transformé en forteresse dans les forêts du New Hampshire, avec ses deux enfants et sa redoutable attachée de presse. Quand un nouveau cadavre de femme, le sixième, est repêché dans un lac attenant, un confrère journaliste ouvre « l’Affaire Clara Miller » (XO, 492 p., 19,90 €).

* Sur la Riviera athénienne. Grec, ancien avocat pénaliste et auteur de romans policiers et d’installations mêlant l’art et le crime, Christos Markogiannakis nous plonge, avec « Mourir en scène », dans les eaux troubles du show-biz et des médias, après la mort d'une vedette de la pop dans l’explosion de la scène où elle donnait un concert d’adieu. Un enquêteur et une intrigue classiques dans un décor de rêve au cœur de la crise économique (Albin Michel, 282 p., 19,90 €).

* Haro sur la colo. Pour l’obliger à vaincre sa peur de l’eau, un moniteur de camp de vacances abandonne un enfant de 8 ans sur un radeau au milieu d’un lac ; on ne le retrouvera jamais. Vingt ans après, au sommet de la réussite professionnelle et familiale, l’ancien moniteur est confronté à des faits inquiétants qui laissent supposer que le garçon est de retour. Également scénariste, J.-P. Smith nous embrouille et nous manipule en tirant dans « Noyade » des fils multiples, du passé au présent et avec mise en abyme (Gallimard, 370 p., 20 €).

* Ne pas se fier aux apparences. Une mini-Miss de 13 ans a été assassinée. « Reine de beauté », le premier roman d'Amy K. Green, ne nous mène pas dans les coulisses des concours. Et on s’intéresse moins au développement de l’intrigue qu’à son aspect psychologique – les relations entre la victime et sa demi-sœur qui la détestait presque autant qu’elle déteste la parfaite famille recomposée de son père – et à la description de la petite ville du Maine et ses habitants, si proprets et néanmoins prédateurs (Belfond, 410 p., 19,90 €).

* Un bel objet et plus. Éditrice à Londres, Elizabeth Kay a soigné la présentation de « Sept mensonges » en découpant le livre en autant d’onglets. Cette originalité matérielle se double d’une intrigue insolite qui commence avec la mort du mari de Marnie et la décision de Jane, son amie de cœur depuis l’enfance, d’être enfin honnête : lui avouer son premier mensonge très anodin, qui a entraîné d’autres mensonges jusqu’au drame (Robert Laffont, 412 p., 21 €).

* De l’île de Ré à La Rochelle. Après « Corpus Christine », prix du Premier Roman 2006, et « Géographie de la bêtise », Max Monnehay a concocté avec « Somb » un polar franco-français efficace. Une jeune journaliste a été retrouvée sur la plage violemment assassinée. Elle était la maîtresse de Victor, psychologue en milieu carcéral, et la femme du meilleur ami de celui-ci. Les coupables potentiels sont nombreux et le dénouement inattendu (Seuil, 295 p., 18,50 €).

* Huis-clos familial. Jocelyn avait 7 ans lorsque sa nourrice bien-aimée a disparu soudainement. Trente ans plus tard, contrainte de retourner avec sa fille dans la demeure familiale, en dépit des relations conflictuelles qu’elle entretient avec sa mère, elle est confrontée au retour de « la Nanny », ainsi qu’à la découverte de restes humains dans le jardin. Un nouveau polar paranoïaque de Gilly Macmillan, qui nous balade avec efficacité entre passé et présent et entre les différents points de vue (Les Escales, 423 p., 21,90 €).

* À Three Pines au Québec. Décorée pour « sa contribution à la culture canadienne en tant qu’auteure mettant en lumière les Cantons-de-l’Est », Louise Penny poursuit sa mission d’ambassadrice en publiant la 11e enquête d’Armand Gamache, ex-inspecteur chef qui vient de prendre sa retraite, à Three Pines évidemment. Dans « la Nature de la bête », la charmante bourgade est à nouveau sous tension après qu’un enfant réputé fabulateur a payé de sa vie sa dernière histoire : la présence d’un canon géant au cœur de la forêt. Inspiré d’un fait réel (Actes Sud, 470 p., 23,50 €).

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin