DANS LE SILLAGE de « Francesca da Rimini », de Zandonai, que l’Opéra de Paris vient de faire entrer à son répertoire (« le Quotidien » du 7 février), l’excellent programme Convergences de l’Amphithéâtre-Bastille a offert l’un des concerts les plus raffinés qui soient, au programme sophistiqué : Ottorino Respighi avec « Il Tramonto » et des mélodies sur des poèmes de D’Annunzio (co-inspirateur avec Dante de « Francesca da Rimini ») ainsi que, du même, des mélodies mises en musique par Paolo Tosti. Tout un style art nouveau italien, qu’ont défendu en leurs temps de grandes chanteuses comme Renata Scotto et même Sena Jurinac. Avec un art achevé de diseuse, une prononciation superlative de sa propre langue et des accompagnateurs attentifs (Donald Sulzen au piano pour les mélodies et le Quatuor Aron pour « Il Tramonto »), Ana Caterina Antonacci a cloué un auditoire recueilli pour la meilleure heure de musique entendue depuis longtemps.
Cléopâtre et Carmen.
Quelques jours plus tard, à Pleyel, elle était la soliste d’un concert presque entièrement consacré à Berlioz par John Elliot Gardiner, à la tête du National de Radio France, dont le chef britannique a tiré ce qu’il pouvait de mieux. S’il a malheureusement pas mal couvert Antonacci dans « Cléopâtre, scène lyrique pour soprano et orchestre », on a pu apprécier le même souci de diction ainsi que la grande force dramatique qu’elle avait révélé dans sa Cassandre des « Troyens » au Châtelet en 2003.
On peut la retrouver dans ce répertoire grâce à un CD du Rotterdam Philharmonic Orchestra, sous la direction d’Yannick Nézet-Séguin, qui permet de savourer, sans que l’orchestre ne vienne la couvrir, sa formidable « Cléopâtre ». Elle est souveraine autant dans le parlando de « la Méditation » que par sa sveltesse dramatique dans les grands soubresauts du premier couplet (1).
Dans l’actualité du DVD, elle est aussi présente dans un de ses rôles fétiches : Carmen. Filmée en 2009 à l’Opéra Comique de Paris, cette « Carmen » (2) ne vaut que par la prestation d’Antonacci et la direction très colorée de John Eliot Gardiner qui s’appuie sur une intéressante révision de la partition par Richard Lanham-Smith. La production d’Adrian Noble est pauvre et bien mal filmée et les autres interprètes sont très moyens. Heureusement, Antonacci est déjà accessible dans le rôle sur DVD, dans la production de Covent Garden aux côtés de Jonas Kaufmann (3).
Paris saura-t-il se donner, sur une scène plus importante, une autre chance de faire briller une des interprètes les plus dramatiques du moment ?
(1) 1 CD Bis (distribution Codaex) avec la « Symphonie Fantastique ».
(2) 2 DVD FRA Musica.
(3) 1 DVD DECCA/Universal.
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