Du privé au public

Deux divertissements, une performance

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Publié le 13/10/2016
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Théâtre-Petits crimes

Théâtre-Petits crimes
Crédit photo : DR

Au Rive-Gauche (1), « Petits crimes conjugaux », d’Éric-Emmanuel Schmitt, pièce autrefois créée par Charlotte Rampling et Bernard Giraudeau, est mise en scène par Jean-Luc Moreau, qui dirige Fanny Cottençon et Sam Karmann. Une femme rentre chez elle avec son mari et l’on comprend qu’il a eu un accident et souffre d’amnésie. Elle tente de l’aider à retrouver ses marques… Que s’est-il réellement passé ? Éric-Emmanuel Schmitt, qui signe là une très bonne comédie, prend un malin plaisir à nous égarer. C’est bien mené par Jean-Luc Moreau. Fanny Cottençon, avec sa présence séduisante, sa blondeur douce, sa voix acidulée, sa finesse, est touchante face à un Sam Karmann rigoureux, précis, opaque quand il le faut, excellent.

Au Théâtre de la Madeleine (2), « l’Heureux élu », d’Éric Assous, auteur de grand talent, nous plonge dans le monde des bobos de la Bastille. Un couple qui reçoit (Ivan Le Bolloc'h et Mathilde Penin), une de leurs amies (Mélanie Page), partie vivre à New York et qui veut leur présenter son futur mari. Invité supplémentaire dérangeant, l’ex-fiancé de la belle amie, un héritier neurasthénique qui ne s’est jamais consolé d’être largué (Bruno Solo). Mais le plus encombrant, c’est le futur mari (David Brécourt) : raciste, sûr de lui, odieux.

Situation conventionnelle, agrémentée d’une intrigue de tromperies plurielles, répliques plates. Fatigue d’un soir, peut-être, les comédiens ne font pas grand effort pour donner du nerf aux personnages, malgré la mise en scène claire de Jean-Luc Moreau (oui, c’est lui aussi). Le public connaît toute la bande, notamment par la télévision, et leur fait un triomphe. C’est du théâtre de divertissement, sans autre prétention que de vous amuser.

On cherche le théâtre

Il en est autrement au Cent Quatre (3), où la Brésilienne en vogue Christiane Jatahy, prétend proposer, sous le titre « la Forêt qui marche », un spectacle inspiré de « Macbeth ». Elle nous avait éblouis par une adaptation très personnelle, puissante et magistralement interprétée, de « Mademoiselle Julie », de Strindberg, dans le Brésil d’aujourd’hui. Puis elle a présenté une version des « Trois sœurs »de Tchekhov, avec un dispositif sophistiqué qui n’apportait rien, malgré des comédiens très bons, car l’adaptation était très faible.

Cette fois, on cherche en vain le théâtre. Munis, pour certains, d’une oreillette, on pénètre dans une salle où, sur quatre écrans, quatre films différents, en langues étrangères, sont diffusés. On est debout, on ne voit pas grand-chose, et surtout pas les sous-titres. Au bout d’un moment, on entend la voix de Jatahy qui demande à une femme, à un homme, de faire telle ou telle action. Il y a un sac, du faux sang, des billets de banque, un poisson mort… Un peu plus tard, une femme est à terre, ensanglantée… etc. Les écrans bougent, comme la forêt de « Macbeth ». Pas de quoi se pâmer. Dommage, on espérait beaucoup de cette artiste, happée par la mode.

 

 

 

(1) À 21 heures du mardi au samedi, à 17 heures le dimanche. Durée 1 h 30. Tél. 01.43. 35.32.31, www.theatre-rive-gauche.com
(2) À 21 heures du mardi au samedi. Durée 1h35.  Tél. 01.43.35.32.31, www.theatre-madeleine.com
(3) Jusqu'au 22 octobre, plusieurs séances par jour. Tél. 01.53.35.50.00, www.104.fr

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9525