CLASSIQUE - « Dialogues des Carmélites », de Poulenc

Deux nouvelles versions sur DVD

Publié le 05/09/2011
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COMME RÉFÉRENCE vidéo, nous n’avions guère, pour l’opéra de Poulenc d’après Bernanos, « Dialogues des Carmélites », que la version de Marthe Keller filmée à l’Opéra du Rhin en 1999, très dépouillée et classique dans le traitement de l’action (1). Une excellente version, du siècle passé cependant, en comparaison des deux mises en scène ébouriffantes qui arrivent sur le marché du DVD.

La version qui nous vient de Hambourg, réalisée par Nikolaus Lehnhoff et Raimund Bauer en 2008, est encore plus dépouillée pour les décors (des panneaux coulissants en fond figurant des portes à claire-voie). La mise en scène est souvent saisissante et la distribution de chanteuses non françaises impressionnante. Alexia Voulgaridou (Blanche), Kathryn Harries (Madame Lidoine) et Anne Schwanewilms (mère Marie) rivalisent de belle élocution et d’intelligence. Seule Gabriele Schnaut, dont l’instrument n’en peut plus d’avoir chanté en force tant de rôles wagnériens, est une piètre sœur Constance. La direction du chef australien Simone Young est magnifique, trouvant d’emblée la force rythmique et dramatique de l’œuvre (2).

L’enfant terrible de la mise en scène moscovite Dmitri Tcherniakov a mis sa patte sur ce chef-d’œuvre en 2010 pour le Bayerische Staatsoper de Munich. Ce que nous permet d’en découvrir le film, avec ses plans rapprochés, est certainement plus intéressant que ce que le public munichois a vu de la salle et beaucoup hué. L’action se passe dans une petite maison de verre située au fond de la scène. Est-on dans une secte, s’agit-il pour la fin d’un faux suicide collectif ? L’action est passionnante, la direction d’acteurs extrêmement fouillée, comme toujours avec Tcherniakov, mais tellement éloignée du sujet que l’on ne devrait pas vraiment pas appeler cela « Dialogues des Carmélites ». Quelques interprètes exceptionnelles aussi : Sylvie Brunet (Madame de Croissy), Soile Isokoski (Madame Lidoine) et surtout Hélène Guilmette (sœur Constance). La direction de Kent Nagano, bien connue dans cette œuvre, mérite des superlatifs dans l’ensemble comme dans la réalisation des détails et des interludes orchestraux. Une version outsider, certes, mais passionnante (3) !

(1) 1 DVD Arthaus Musik (distribution Intégrale).

(2) 1 DVD Arthaus Musik (distribution Intégrale).

(3) 1 DVD Bel Air classiques.

O. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8998