Pas de Môme Crevette, sans les mésaventures du Docteur Petypon ! Pas de « Dame de chez Maxim » sans l’aventure du médecin qui a oublié ce qu’il a fait la nuit précédente… Tout commence par l’arrivée du Dr Mongicourt (Christophe Paou), son ami, chez Petypon, (Micha Lescot). Ce dernier s’est endormi sous le canapé, tandis que, dans son lit, s’éveille la Môme Crevette (Léa Drucker) !
Que l’on ait vu ou pas ce chef-d’œuvre de vaudeville signé par Georges Feydeau en 1899, on peut courir Porte Saint-Martin. Zabou Breitman, qui signe la mise en scène, a franchement taillé dans la pièce, la plus longue de toutes celles de l’écrivain. Elle dure trois heures au moins lorsqu’elle est jouée en entier. Ici, deux heures dix, et l’on ne perd rien… Ou presque. Toucher à Feydeau n’est pas un crime et Jean Poiret avait, on s’en souvient, retouché « Tailleur pour dames »…
Après le succès de son « Système Ribadier » au Vieux-Colombier, la metteure en scène a eu les coudées franches. Elle s’appuie sur une distribution épatante. La production est cossue. Disons-le, nous ne sommes pas sûrs que sa manière de traiter la scène de Touraine, où les belles provinciales prennent des leçons de parisianisme auprès de la Môme, soit pertinente. Mais pour le reste, quelle joie et que de rires !
Ici, le secret, c’est la sincérité, et même s’il y a de la composition (du côté des perruques des Petypon, notamment), même si l’on peut penser à Tex Avery, souvent, on est bien au cœur du génie de Feydeau. Le Général d’André Marcon est extraordinaire, Madame Petypon (Anne Rotger) est très cocasse dans son exaltation, la Môme de Léa Drucker est irrésistible et tonique, le Petypon de Micha Lescot est aussi vrai qu’extravagant, et c’est merveilleux. N’oublions pas qu’il est un médecin épris de modernité et qu’il reçoit le fauteuil extatique qu’il va expérimenter, source de gags à répétition.
Gallienne grand en Argan
Un fauteuil, il y en a un, également, dans « le Malade imaginaire ». Ce fut le dernier rôle de Molière. Aujourd’hui, on peut applaudir, en région parisienne et dans toute la France, avant le retour à Paris, au Théâtre Marigny (la salle Richelieu sera en travaux), la troupe de la Comédie-Française. Une nouvelle distribution dans une mise en scène ancienne (2001) mais toujours intéressante du regretté Claude Stratz, mort en 2007. Elle ne « date » pas, même si les chercheurs et universitaires ont apporté de nouveaux éclairages sur la mort de Molière.
Seul à jouer depuis dix-huit ans, le fin Alain Lenglet, dans un Béralde sortant d’une soirée de carnaval. Béralde est toujours comme l’ombilic de la « vision » de Stratz, qui signait un spectacle mélancolique et sombre, avec belle présence de musiciens. Saluons Julie Sicard, merveilleuse Toinette, joyeuse et autoritaire. Saluons Coraly Zahonéro, perfide Béline, saluons le magique Christian Hecq, Diafoirus et Purgon, saluons la jeunesse de Yoann Gasiorowski, de Clément Bresson, et de la petite dernière, Elissa Alloula. Les médecins ne sont pas très bien traités… Mais on peut en rire et beaucoup !
Et puis, déchirant, bouleversant, jamais grotesque malgré les couches de vieux bébé d’Argan, Guillaume Gallienne, plaintif et terrorisé (« N’y a-t-il pas quelque danger à contrefaire le mort ? »), mélancolique et grand comme un roi shakespearien, grand comme Molière.
(1) Théâtre de la Porte Saint-Martin, à 20 heures du mardi au vendredi, samedi 20 h 30, dimanche 16 heures. Durée 2 h 10. Tél. 01.42.08.00.32, www.portestmartin.com.
(2) En tournée jusqu’au 19 décembre (Île-de-France, La Rochelle, Marseille, Antibes), reprise au théâtre Marigny en avril-mai 2020. Durée 2 heures. www.comedie-francaise.fr
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