LA FIN D’ÉTÉ à Edinburgh correspond les grandes années à un automne frisquet continental. Il faut quelques bonnes couvertures, une sérieuse dose de bonne humeur et un peu d’alcool pour affronter le festival. Mais la ville est tellement belle dans son étrangeté géographique, avec la superposition de deux cités, l’une gothique enchevêtrée et l’autre géorgienne bien quadrillée, ses collines, sa verdure et la chaleur de son peuple, que tout devient irrésistible. Cohabitent donc en août avec le célèbre festival international pluridisciplinaire International, le Festival du livre et le Fringe. Avec 2 542 manifestations, 41 689 représentations et un million de visiteurs, ce dernier est un immense événement public, mais aussi le rendez-vous planétaire des professionnels du spectacle qui viennent y faire leur marché, rendez-vous qui décide du sort de nombre de saisons théâtrales, de danse, de comédie musicale des capitales mondiales.
La règle est austère, mais c’est la règle : aucun spectacle ne peut dépasser une heure, sinon le producteur est à l’amende. Cela garantit dans les innombrables lieux, églises, salles de conférences, écoles…, transformés en scènes souvent rudimentaires, une impeccable rotation de spectacles aux prix imbattables (de 8 à 12 euros). Ils accueillent en moyenne sept spectateurs, mais le bouche-à-oreille et les assauts d’imagination auxquels se livrent dans les rues les distributeurs de flyers peuvent remplir des salles, à l’entrée desquelles on s’arrache les derniers billets.
C’est ainsi que nous avons vu à l’Aquila Venue 21, dans le genre peu fréquenté, un très charmant spectacle pour enfants, « Hurry Up and Wait ! », par Clint Boyle et Liz Skitch, deux clowns australiens dont le potentiel expressif pourrait sans peine s’étendre à des spectacles plus profonds.
L’Afrique du Sud et Cuba.
À l’heure de bonne audience, en milieu d’après-midi, on pouvait se régaler à l’Udderbelly’s Pasture (un théâtre installé dans la pile d’un pont !) avec la performance entraînante de quatre chanteurs sud-africains : Soweto Entsha (Renouveau de Soweto, en zulu). Le producteur français Nicolas Ferru les a découverts dans une pizzeria d’un faubourg de Johannesbourg, les a fait travailler dur et les a bombardés en 2010 en première partie de la tournée française du show African Footprint, qui s’est achevée en triomphe au Casino de Paris. Beaucoup de travail et un CD (Indigo Productions) plus loin, les revoici faisant salles archipleines à Édimbourg, quatre véritables « pros ». On se demande comment ils arrivent à dégager tant d’énergie et de bonne humeur dans un répertoire à base de gospels mâtinés d’influences diverses, avec seulement leurs quatre voix a cappella, leurs corps qui swinguent avec une force quasi tellurique sans le soutien du moindre instrument ni aucun artifice scénique. À suivre et probablement retrouver en France sous peu.
En soirée, dans le grand Assembly Hall, le must des lieux, un show cubain faisait courir les foules : « Soy de Cuba ». Celui-là, on est certain de le retrouver enrichi et étoffé à Paris cet automne, car il est à l’affiche de la Cigale du 15 au 27 novembre et pour une grande tournée en France. Raccourci de l’histoire de Cuba en danses et chansons vue par le biais de la romance entre une chanteuse ayant été l’emblème du régime castriste et un musicien mythique (les deux véritables protagonistes mènent le show), c’est un formidable spectacle multimédia qui ne donne jamais dans le cliché du Cuba sauce Guantanamera. On est embarqué dans un tourbillon de vitalité, de joie de vivre, de rumba, de cha-cha. Les danseurs enivrent, les instrumentistes décollent, c’est un vrai spectacle musical.
Alors Édimbourg, l’an prochain ? Prévoyez au moins huit jours pour explorer cette jungle culturelle.
Fringe Edinburgh Festival : www.edfringe.com.
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