CINEMA - « The Descendants », d’Alexander Payne

Hawaii sans exotisme

Publié le 01/02/2012
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Crédit photo : TWENTIETH CENTURY FOX 2012

SCÉNARISTE, producteur, réalisateur, Alexander Payne a signé notamment, pour notre bonheur, « Monsieur Schmidt », en 2003, et « Sideways », en 2004. Pour adapter le roman de l’Hawaiienne Kaui Hart Hemmings (Éditions Jacqueline Chambon), il a écrit le scénario en pensant à George Clooney, qui avait la faveur de l’auteur elle-même. Il est vrai que le rôle convient à l’acteur, dont seuls peuvent s’étonner qu’il entre dans la profondeur d’un rôle dramatique, ceux qui n’ont pas vu, entre autres, les films qu’il a réalisés et dans lesquels il joue.

Sans atteindre la performance d’un DiCaprio dans « J. Edgar », Clooney, récompensé par un Golden Globe et nommé pour l’oscar (face, entre autres, à notre Dujardin national), fait bien le travail, ce qui est d’autant plus méritoire qu’il est quasiment de tous les plans et doit exprimer toutes sortes de sentiments. Cela vêtu de ces chemises hawaiiennes qui incitent peu à la mélancolie et accompagné, sur la bande-son, de musiques locales.

C’est l’un des atouts du film de Payne de détourner les clichés sur l’État américain du Pacifique pour montrer une réalité insulaire moins exotique mais plus passionnante. Le héros est confronté à des révisions déchirantes alors que sa femme est dans le coma après un accident de hors-bord et qu’il doit devenir un vrai père pour ses filles; il doit aussi prendre une grande décision quant à une magnifique et vierge terre familiale convoitée par des promoteurs et qui pourrait rapporter des millions à lui-même et à ses nombreux cousins (les descendants du titre, issus d’une princesse indigène et d’un banquier étranger). Les paysages hawaiiens sont ainsi plus qu’un élément de décor.

On pourrait faire un seul petit reproche au travail d’Alexander Payne, et par ricochet à celui de Clooney, c’est – défaut très hollywoodien – une certaine lourdeur dans deux ou trois séquences dramatiques. Mais cela ne va pas jusqu’à gâcher l’intérêt que l’on prend à suivre cet itinéraire psychologique et ces rebondissements souvent savoureux.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9076