DIABLE d’homme ! Et d’artiste, et de musicien ! Tant de rôles abordés, gravés, filmés pour certains. Avec un sens de la performance et de l’endurance qui n’appartient qu’aux sportifs de haut niveau. S’il a tout très bien chanté, quels rôles Domingo a-t-il vraiment marqué de son empreinte ? Sans aucun doute Otello, de Verdi, qu’il a abordé dès 35 ans et abandonné il y a peu de temps. Il y déploie une énergie farouche, suicidaire, qui est l’essence même du Maure. Hoffmann, d’Offenbach, certainement aussi avec cette mélancolie romantique allemande qu’il a su aussi mettre dans les rôles wagnériens abordés sur le tard. Tout le reste est certes intéressant, grâce à une incroyable facilité ainsi que des qualités scéniques, musicales, stylistiques qui lui appartiennent en propre, mais en rien irremplaçable ni définitif. Son retour tardif à la voix de baryton (il a débuté ainsi à Mexico à 20 ans) n’est pas vraiment probant. Les deux DVD de « Simon Boccanegra » de Verdi ne convainquent ni dans la production de Covent Garden avec Pappano (EMI), ni au Metropolitan Opera avec Levine (Sony).
Compilations.
Il faudrait, pour rendre hommage au jeune Domingo, disposer de ses enregistrements américains de jeunesse (années 1970), avec ses grandes partenaires : Renato Scotto, Leontyne Price et Katia Ricciarelli. Ce que nous offre le marché européen est plus tardif, plus inégal, moins original. EMI a édité une compilation « Viva Domingo » en 4 CD à l’élégante présentation, offrant une chronologie de ses rôles parfaitement iconographiée mais très fourre-tout, sans véritable politique artistique (1). Chez Deutsche Grammophon deux hommages. Un digipack de 3 cd, lui aussi bien illustré, vraiment éclectique, mais sans originalité ni autre prétention que celle dictée par le marketing. Au mieux, un bon objet d’initiation ou de découverte, mais rien pour l’amateur éclairé (2). Et un monument : « The Opera Collection », coffret de 13 intégrales d’opéras enregistrées sous l’étiquette jaune(3).
Malheureusement, on l’a dit, ce ne sont pas les années les plus juvéniles. Et, pour une intégrale électrisante des « Contes d’Hoffmann » avec Joan Sutherland, pour son Don José aux côtés de la Carmen de Berganza sous la direction d’Abbado, son Alfredo aux côtés de la Traviata de Cotrubas dirigée par Carlos Kleiber et même son Otello tardif avec Cheryl Studer, enregistré à Paris sous la direction de W.M Chung, combien d’intégrales sans grand intérêt ou même ratées, comme « Samson et Dalila » avec la Dalila phonétiquement rédhibitoire d’Elena Obratsova. Mais ce coffret reste un témoignage et représente, par les chefs qui le dirigent (Karajan, Prêtre, Solti, Sinopoli, Kleiber, Bonynge, Giulini), une sorte de monument de l’apogée de sa carrière scénique et discographique. Comme toujours, le meilleur est à rechercher dans l’édition privée, notamment vidéographique, florissante…
EMI édite, sous le titre « The Love Album » (4), deux CD consacrés à un autre aspect de ce talent aux multiples facettes : le chanteur latino avec du cross over sous toutes ses formes. Du boléro sud-américain à la samba brésilienne, de la chanson traditionnelle espagnole à celle des mariachis mexicains, du tube international (« Love Story ») au tango argentin, ce diable de musicien a fait son miel de toutes fleurs et s’en tire à merveille. Laissez-vous donc aussi conquérir par cette fièvre latine !
(1) 1 album cartonné format livre de 4 CD, EMI Classics.
(2)1 digipack de 3 cd, Deutsche Grammophon Universal.
(3) 1 coffret cartonné de 26 CD, Deutsche Grammophon Universal .
(4) 2 CD EMI Classics.
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