Soirée Balanchine à l’Opéra Garnier

Hommage à Violette Verdy

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Publié le 31/10/2016
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Cl-Balanchine

Cl-Balanchine
Crédit photo : SÉBASTIEN MATHÉ/OPÉRA DE PARIS

Née en 1933, Violette Verdy fut la première femme à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris (BOP), nommée en 1977 au retour d'un séjour de dix-huit ans au New York City Ballet auprès du chorégraphe George Balanchine, dont elle a créé de nombreux rôles et perpétué le style et la tradition dans le monde entier. Dans le programme Balanchine, un court film de Vincent Cordier la montre danser et surtout donner une classe aux danseurs du BOP.

Suit la pièce onirique « Sonatine », d’après Ravel, conçue pour elle par Mr B. et qu’elle avait créé avec Jean-Pierre Bonnefous à New York en 1975. Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann interprètent cette magnifique chorégraphie en trois mouvements avec grâce, souplesse et intensité.

La soirée avait commencé un peu gauchement par l’entrée au répertoire de « Mozartiana » (1933), portant au nombre de 31 les chorégraphies de Balanchine inscrites au répertoire du BOP. Cette pièce relativement longue pour sept danseurs et quatre élèves de l’École de danse a été créée au Théâtre des Champs-Élysées en 1933 sur la « Suite n°4 » de Tchaïkovski composée en hommage à Mozart. Elle est emblématique du style de jeunesse de Balanchine, avec une technique très classique mais déjà un léger décalage néoclassique. C’est ce décalage qui manquait dans l’interprétation assez sage qu’en ont donnée les danseurs, malgré des performances techniques impeccables, particulièrement du couple d’étoiles Dorothée Gilbert et Matthieu Gagno.

« Brahms-Schönberg Quartet » (1966), sur l’adaptation discutable pour grand orchestre, par Arnold Schönberg, du « Quatuor pour piano n°1 en sol mineur » de Brahms, n’est pas du meilleur Balanchine. C'est une pièce trop longue, trop composite, dans laquelle il revisite le classicisme. Mais elle était dansée avec classe et, avec de beaux costumes de Karl Lagerfeld, offrait à une pluie d’étoiles, dont Alice Ranavand, Josua Hoffalt, Amandine Albisson, Stéphane Bullion, l’occasion de montrer le brillant et le grand savoir-faire des danseurs du BOP dans le répertoire balanchinien.

La soirée s’achevait dans le plus pur style néoclassique que Balanchine a porté aux sommets sur des musiques d’Igor Stravinsky. Avec le concours du violoniste Frédéric Laroque, l'un de ces chefs-d'oeuvre, « Violin Concerto » (1972), était interprété avec une technique impeccable et une souplesse extraordinaire par une équipe menée par les étoiles Marie-Agnès Gillot et Eléonora Abbagnato.

Au total, une formidable démonstration de l’évolution du style du chorégraphe au long de sa carrière, superbement accompagnée par l’Orchestre de l’Opéra de Paris dirigé avec passion par Kevin Rhodes. À applaudir jusqu'au 15 novembre.

Le BOP présentera ensuite à Garnier, du 2 novembre au 31 décembre, un spectacle consacré à Jiri Kylian, lui aussi démonstratif de l’évolution du style du chorégraphe tchèque, avec les « Symphonie de Psaumes », « Bella Figura », magnifique pièce créée pour le BOP, et « Tar and Feathers », d’après Beckett et Mozart, une entrée au répertoire très attendue. À Bastille, c’est avec l’increvable « Lac des Cygnes » de Noureev que le public est invité à fêter la fin d’année (du 7 au 31 décembre).

Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9530