CLASSIQUE - Lefébure, Van Dam, Mesplé

Hommages sur CD

Publié le 14/03/2011
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HONNEUR aux dames, voici, édité par EMI, l’album du 80e anniversaire du soprano français Mady Mesplé (1). Digne successeur de Lily Pons et de Mado Robin, Mady Mesplé, très avantagée par un physique à l’époque plutôt rare sur les scènes lyriques, a incarné les héroïnes sopranos légers, aux aigus aériens, comme Lucia de Lamermoor, Lakmé, Gilda, Zerbinette, et aussi celles du domaine plus léger de l’opérette et même la musique contemporaine et la mélodie. L’hommage que lui réserve EMI réunit toutes ces facettes de son talent sur quatre CD, avec une plaquette très soignée et bien illustrée. On y trouvera quelques inédits, de savoureuses chansons retrouvées dans les archives de l’INA.

Autre grande dame de la musique française, Yvonne Lefébure, dont Solstice, son éditeur, commémore le 25e anniversaire de la disparition avec Beethoven, son compositeur de prédilection. Quelques-unes des sonates étaient déjà publiées, notamment les admirables trois dernières, opus 109, 110 et 11 de 1977, ainsi que les « Variations Diabelli » et les « Bagatelles » op. 126 de 1975. Mais les inédits font le prix de cet hommage : un Concerto n° 4 de Beethoven, avec l’Orchestre national de France, dirigé par Stanislaw Skowaczewki en 1959, dans un son très satisfaisant. Et, perle absolue, rareté formelle, Lefébure accompagnant Sándor Végh dans trois Sonates pour piano et violon. La grande Yvonne se plie en grande chambriste à cette discipline exigeante. Un miracle !(2)

Dans son inlassable quête d’inédit, son éditeur avait publié l’an dernier un passionnant CD regroupant, autre rareté, « la Boîte à joujoux », de Debussy, dans sa version pianistique, avec pour récitant le très spirituel Pierre Bertin et le Concerto en ré mineur de Bach avec l’Orchestre de chambre Fernand Oubradous, tous deux de 1957, dont aucun admirateur de cette grande artiste ne pourra se passer (3)

Belge célèbre.

José Van Dam a commencé les représentations qui précéderont son départ à la retraite. À 70 ans, le baryton belge a chanté de très nombreux rôles sur toutes les scènes du monde. Jamais, depuis Jacques Brel, la Belgique n’avait donné au monde un fils aussi célèbre. Le Théâtre royal de La Monnaie de Bruxelles lui rend hommage avec un album : « 30 ans à La Monnaie » (4). Ce n’est pas faire injure à ce grand artiste que de dire que les années en question ne sont pas ce que ses admirateurs devraient retenir en priorité. En 1980, il avait déjà derrière lui le meilleur, qu’il avait chanté en troupe à Paris, Berlin, Genève, dans les opéras de Lyon, Marseille, aux festivals d’Aix et de Salzbourg. Le circuit privé nous a déjà rendus, et dans un son meilleur, son Figaro avec Strehler à Paris, son Thésée d’Aix, son Attila de Vienne face à Janowitz et son Alfonso de « Lucrezia Borgia » face à Caballé à Marseille en 1968. Il nous rendra certainement un jour son Escamillo de Berlin, son Leporello de Paris. Les années Bruxelles le montrent certes magnifiquement chantant et suprême de diction, mais empesé, raidi, pétri d’un sérieux frisant souvent le sinistre, dans des rôles wagnériens, verdiens, un Boris, un Don Giovanni que l’on a voulu déclarer le faîte de sa carrière. Amateurs nostalgiques, cherchez ailleurs, cet hommage pompeux est réservé à ses admirateurs inconditionnels.

1) 1 coffret cartonné de 4 cd, EMI Classics.

2) 1 coffret étui de 4 CD, Disques Fy et du Solstice (www.solstice-music.com).

3) 1 CD Disques Fy et du Solstice (www.solstice-music.com).

4) 1 album de 2 CD, Cyprès archives (distribution. Abeille).

OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8922