CLASSIQUE - Le Ballet Bolchoï au Palais Garnier

Ineffables moments

Publié le 23/05/2011
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Crédit photo : L. PHILIPPE/OPERA DE PARIS

« FLAMMES de Paris », créé à Moscou en 1932, est un de ces dramballet très en vogue dans les années 1930 et dont le moteur principal était l’action. Pour cela, les sujets historiques étaient du pain béni. Bourré d’idéologie, « Flammes de Paris » était un des ballets préférés de Staline et, avec ses scènes de foule et ses rôles héroïques, son succès public était énorme. Créé par Vasili Vainonen, le ballet a été revu par Alexei Ratmansky en 2008 avec pour objectif de donner une image plus actuelle du nouveau Bolchoï. La musique de Boris Asafiev est très descriptive, imagée et efficace.

Il y est question, de Marseille à Paris, de la marche de deux couples révolutionnaires, Philippe et Jeanne, Jérôme et Adeline, fille d’un marquis. Les péripéties sont nombreuses et donnent lieu à d’intéressantes scènes de foules et poursuites. Au milieu de cela, un ballet dans le ballet à la cour de Louis XVI avec leurs majestés sur scène. Puis barricades, guillotine, Carmagnole, sang versé et final, avec baïonnettes pointées vers le public, effrayant de réalisme.

La distribution de la seconde représentation était la meilleure qui soit, dominée par les deux danseurs principaux du Bolchoï, Natalia Osipova (Jeanne) et Ivan Vasiliev. Elle d’une précision hallucinante et la grâce même, lui que l’on pourrait surnommer Ivan le Terrible, affichant une virtuosité d’une insolence comme on n’en voit plus et dégageant une présence scénique hors du commun. Un phénomène ! Pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’y assister, le spectacle a été filmé à Moscou en 2010 avec Natalia Osipova et Ivan Vasiliev (1 DVD Bel Air Classiques).

Joie de danser.

Dans « Don Quichotte » comme dans « Flammes » la joie de danser se lit sur les visages des danseurs. Les interprètes de « Flammes » ont paraît-il enflammé la salle de la première de « Don Quichotte ». Nous avons eu droit à une seconde distribution qui ne démeritait pas, avec le couple Ekaterina Kryssanova (Kitri et Dulcinée), Viacheslav Lopatin (Basilio) et Anna Nikulia (Reine des Dryades). Virtuosité au rendez-vous avec des figures superlativement exécutées (les fouettés de Kryssaniva dans le pas de deux final d’une légèreté exquise, Lopatin, un elfe bondissant). Beaucoup ont regretté le carton pâte du décor, il est vrai pauvre mais pas laid. La réalisation d’Alexeï Fadeyechev, d’après Petipa et Gorski, ne change rien au premier acte mais fait par la suite plus de place aux danses espagnoles (boléros, fandangos) et ce avec beaucoup de bonheur tant la troupe y excelle. Une grande soirée de danse qui fait espérer que le Bolchoï revienne bientôt nous enchanter au Palais Garnier.

Opéra de Paris (tél. 08.92.89.90.90 et www.operadeparis.fr). Prochains spectacles : « Rain », Anna de Keersmaeker et Steve Reich (entrée au répertoire), Palais Garnier ,du 25 mai au 7 juin ; « l’Anatomie de la sensation », création mondiale de Wayne McGregor, Opéra Bastille, du 29 juin au 14 juillet (matinée gratuite) ; « les Enfants du paradis », José Martinez et Marc Olivier Dupin (reprise), Garnier, du 29 juin au 15 juillet.

OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8968