Les Directs du Théâtre de la Ville

Ionesco à la lumière des neurosciences

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Publié le 26/02/2021

Face à l’imagination d’Eugène Ionesco, médecins et étudiants proposent leurs interprétations.

« Ionesco suite »

« Ionesco suite »
Crédit photo : JEAN-LOUIS FERNANDEZ

La médecine et le théâtre sont depuis longtemps entrés dans un fructueux dialogue. Mais certaines disciplines sont plus sollicitées que d’autres par les metteurs en scène, les auteurs, les comédiens. Ainsi des neurosciences. Lorsqu’ils préparaient les spectacles inspirés d’Oliver Sacks, Peter Brook et Jean-Claude Carrière avaient séjourné auprès des spécialistes de la Pitié-Salpêtrière.

Aujourd’hui, c’est Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville, qui jette des ponts entre théâtre et science. Dès le premier confinement, il a lancé les « consultations scientifiques par téléphone » (chaque mercredi, de 16 h 30 à 18 heures). A été également créée une Académie Culture-Santé, des « dialogues croisés entre des étudiants en médecine, des médecins, des chercheurs et des artistes » sur des questions communes telles que le corps, le langage, la normalité, le pathologique.

C’est à cette occasion qu’Emmanuel Demarcy-Mota s’est replongé dans une œuvre qu’il connaît très bien et qu’il est un des rares à défendre sur les plateaux, celle d’Eugène Ionesco (1909-1994). Le « théâtre de l’absurde », qui interroge sur la difficulté de vivre, le rêve, la mort, la dislocation de l’individu, la société qui écrase, la difficulté à se dire, les communications brouillées, l’imagination débridée, le délire. Entre autres. Le metteur en scène a repris un spectacle qui n’a cessé, depuis quinze ans, d’être remis sur le métier : « Ionesco suite », un montage qui emprunte à plusieurs textes. Drôle, cocasse, difficile à comprendre, parfois.

Sept comédiens sur le plateau de l'Espace Cardin pour une représentation diffusée en direct (YouTube, Facebook), et, dans la salle, dix étudiants en médecine et leurs professeures de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), Céline Delorme, neurologue, et Carine Karachi, neurochirurgienne. Après le spectacle, tout le monde s’est retrouvé sur scène : les comédiens expliquent comment ils ont construit leurs personnages, les élèves se risquent à des diagnostics et les professeures analysent, extraits de vidéos sur leurs recherches à l’appui. Passionnant !

Pour prendre rendez-vous pour une Conversation scientifique et pour s'informer sur les prochains Directs du Théâtre de la Ville (dont « Ionesco suite » le 6 mars) : theatredelaville-paris.com.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin