JAZZ-ROCK - Rééditions

La machine à explorer le temps

Publié le 27/06/2011
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Jazz de Paris

Nouvelles sorties cultes dans la collection « Jazz in Paris » (Universal), déjà forte de plus d’une centaine de références qui appartiennent à des labels français (Fontana, Polydor, Barclay, Philips, Decca France, Vega, Boîte à Musique, Le Club Français du Disque, notamment) et firent les riches heures du jazz enregistré des années 1950/1960, l’époque des clubs enfumés de Saint-Germain-des-Prés et de la rive gauche dans la capitale. Dans ce nouvel arrivage de dix CD (albums originaux remastérisés augmentés de bonus tracks inédits et/ou de titres parus en 45 tours), des monuments incontournables et de vraies raretés.

Dans la première catégorie figurent l’immense Art Blakey, un des pères du drumming moderne, et ses Jazz Messengers de l’époque (1958, Lee Morgan, trompette, Benny Golson, saxe-ténor, Bobby Timmons, piano, Jymie Marritt, contrebasse), lors d’un « Olympia Concert » devenu d’anthologie, et une nouvelle version du cultissime « Ascenseur pour l’échafaud », de Miles Davis. Avec surtout, en prime, deux titres enregistrés par le même quintette (Barney Wilen, saxe ténor, René Urtreger, piano, Pierre Michelot, contrebasse, Kenny Clarke, batterie) en direct de l’Olympia en novembre 1957. De grands moments de jazz moderne pour l’histoire.

Question raretés et productions oubliées, il faut jeter une oreille attentive sur la rencontre entre le pianiste français Henri Renaud et un authentique « Westcoaster », Zoot Sims (ténor-saxe), dans « Night Session in Paris » (1956), redécouvrir le subtil saxophoniste (ténor, soprano) et flûtiste Nathan Davis et son Quartet (emmené par Hampton Hawes, piano) sur « Rules of Freedom » (1967), ou le très rare pianiste Art Simmons dans un disque éponyme en quartet (1956). Enfin, les amateurs de jazz chanté se doivent de posséder le plus inattendu et totalement oublié album des Blue Stars of France, baptisé « Pardon My English » (1955 et 1956), un groupe vocal éphémère emmené par Blossom Dearie, mariée alors au saxophoniste Bobby Jaspar, qui reprenait des standards, dont certains avec des paroles en français. Vraiment kitschissime !

Deux jazzmen hexagonaux figurent dans la livraison : Stephan Grappelly (ainsi orthographié pour faire plus anglo-saxon !) , à la tête de son Sextette, conduit par Maurice Vander (piano, 1955) et Eddy Louiss, qualifié par Stan Getz de « plus grand organiste du monde », entouré de Jimmy Gourley (guitare), Guy Pedersen (contrebasse) et Kenny Clarke (batterie) pour un disque plein de swing et de groove paru en 1972.

Original Jazz Classics

Le groupe Concord (Universal) possède dans son portefeuille quelques-uns des catalogues américains les plus prestigieux (Riverside, Prestige, Contemporary, Pablo, etc.), ayant participé à l’élaboration d’un jazz enregistré devenu aujourd’hui légendaire. La livraison estivale en est la preuve, avec six perles rares. Parmi ces documents sonores, la réédition de « Something Else !!! », d’Ornette Coleman, gravé en 1958 à Los Angeles, avec notamment Don Cherry (trompette) et encore la présence d’un pian, qui annonce les importantes mutations à venir dans le jazz de la décennie 1960. Ou encore « Alone in San Francisco » (1959), où l’on retrouve Thelonious Monk seul face à son clavier, pour une belle promenade au naturel dans son répertoire contemporain.

Deux souffleurs font partie du lot : le trompettiste Chet Baker et l’altiste Julian « Cannonball » Adderley. Le premier, âgé alors de 29 ans, est un play-boy de la West Coast, où il est célèbre, quand il se rend à New York pour enregistrer « In New York » (1958), avec des acolytes de poids – Johnny Griffin (saxe), Al Haig (piano), Paul Chambers (contrebasse) et Philly Joe Jones (batterie) – une musique fortement inspirée par l’univers de Miles Davis. Le second partage avec Bill Evans (piano) les plages de « Know What I Mean » (1961), un jazz passionnant et décontracté – es deux musiciens s’étaient rencontrés au sein du Sextet historique de Miles Davis (pour l’enregistrement de « Kind of Blue »), plus Percy Heath (contrebasse) et Connie Kay (batterie), alors membres du Modern Jazz Quartet (MJQ). Bill Evans que l’on redécouvre avec l’un de ses trios fondateurs (Scott LaFaro, contrebasse, Paul Motian, batterie), dans « Explorations » (1961) et qu’il faut écouter avec attention car ce qui se passe depuis près de trois décennies dans le monde du piano jazz trouve ici ses origines et ses sources.

Enfin, grande leçon de jazz vocal avec le duo formé par Ella Fitzgerald et Joe Pass (guitare), qui reprennent dans « Easy Living » (1983) toute une série de standards. Ella à son apogée, chantant presque a cappella tant la guitare parvient par moments à se faire discrète. De quoi envoyer les révélations vocales et autres « chanteuses de jazz » actuelles définitivement aux oubliettes...

> DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8990