CINEMA/« Sin nombre », de C. J. Fukunaga

La violence et l’espoir

Publié le 27/10/2009
Article réservé aux abonnés
1276107753F_600x_98537_IMG_21580_1256705172011.jpg

1276107753F_600x_98537_IMG_21580_1256705172011.jpg
Crédit photo : E. MARTINEZ

NÉ EN 1977 d’un père japonais et d’une mère suédoise, Cary Joji Fukunaga, qui vit aux États-Unis et dont le beau-père est mexicain, a choisi comme sujet de son premier film l’immigration clandestine. Et comme il trouvait « bizarre qu’on puisse tirer profit de l’histoire de vrais gens risquant leurs propres vies sans aller sur place et partager un peu le risque », il est allé au Mexique, a rencontré des membres de gangs, des immigrés et a sauté, comme eux, dans un train de marchandises qui traversait le Chiapas, assistant de loin à une attaque de bandits. Il a fait trois fois le voyage...

Cette expérience donne bien sûr à son film son authenticité et la proximité que l’on sent avec les personnages, pour lesquels on ne cesse de trembler. Il y a le Mexicain Casper, membre du terrible et tout-puissant gang de la Mara et qui a du sang sur les mains, parce qu’il n’y avait pas d’autres choix, et veut changer de vie. Il y a Sayra, la Hondurienne, qui vient de retrouver son père et part avec lui, qui a d’autres enfants dans le New Jersey.

D’un côté la violence extrême des gangs, auxquels des enfants se rallient pour trouver la famille qui leur manque. Une fois qu’on y est entré, il est impossible d’y échapper. Des gangs qui, entre autres activités criminelles, rackettent les malheureux immigrants en attaquant les trains qui vont vers le Nord ou en organisant des passages de la frontière mexicano-américaine dans les pires conditions qui soient. De l’autre côté, l’espoir, même si personne ne se fait d’illusion sur son avenir aux États-Unis, celui en tout cas d’échapper à l’extrême pauvreté et de pouvoir construire un couple, voire une famille, loin des menaces.

Au festival de Sundance, le film a obtenu le prix de la mise en scène, à celui de Deauville le prix du jury ( ex æquo avec « Precious » de Lee Daniels). Des récompenses méritées.

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr