Prix littéraires

Le grand chamboulement

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Publié le 06/11/2020
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Si la plupart des prix littéraires ont été reportés en attendant la réouverture des librairies, le Femina a été décerné lundi dernier et le Médicis doit être annoncé ce vendredi.
Serge Joncour, prix Femina

Serge Joncour, prix Femina
Crédit photo : DR

À la suite du nouveau confinement et des mesures sanitaires impliquant la fermeture des librairies, le traditionnel calendrier des grands prix d’automne est bouleversé et reste lié à l’actualité. C’est ainsi que le Grand Prix du Roman de l’Académie française, qui devait inaugurer la saison le 29 octobre, mais aussi les prix Goncourt et Renaudot, censés être annoncés le 10 novembre, les prix Interallié, Décembre, Wepler et d’autres, ne seront décernés qu’à la réouverture des librairies.

À l’inverse, les jurées du Femina, arguant que « les prix littéraires contribuent à soutenir la vie culturelle, les libraires, les éditeurs, les lecteurs et les auteurs gravement affectés par les mesures de confinement » – les raisons mêmes qui ont conduit les autres jurys à ne pas décerner leurs prix ! – ont choisi d’avancer d’un jour l’annonce publique de ses palmarès.

Serge Joncour, 58 ans, a ajouté à sa liste de récompenses (« l'Écrivain national », « Repose-toi sur moi », « Chien-Loup ») le prix Femina pour « Nature humaine » (Flammarion). Le roman, qui mêle l’intime à l’histoire nationale, s’ouvre sur la canicule de 1976 et se referme sur la tempête de 1999. Avec Alexandre, reclus dans une ferme du Lot abandonnée par sa famille, il s’interroge sur les mutations de la France rurale au cours des dernières décennies et les rapports de notre société à la nature.

Le prix Femina du roman étranger est allé à la Britannique Deborah Levy, pour son diptyque autobiographique, « le Coût de la vie » et « Ce que je ne veux pas savoir » (éditions du Sous-Sol), dans lequel elle revient sur son enfance en Afrique du Sud, l’emprisonnement de son père pour des raisons politiques, son divorce et le décès de sa mère.

Le prix Femina de l’essai est revenu à Christophe Granger pour « Joseph Kabris ou les possibilités d’une vie » (Anamosa). L’histoire d’un jeune Français qui, à la fin du XVIIIe siècle, a débarqué sur une des îles Marquises et s’est complètement immergé dans les pratiques insulaires, jusqu’à ce qu’un navire l’amène en Russie puis en France, où, dévoilant dans les foires son corps couvert de tatouages de la tête aux pieds, il est devenu « le monde en personne ».

Un Prix spécial du jury a été décerné au Libanais Charif Majdalani, pour « Beyrouth 2020 » (Actes Sud), le journal de bord d’un pays en déroute, rattrapé par l’explosion.

En attendant le feu d’artifice des autres grands prix, on peut découvrir les quatre romans restant en lice pour le Goncourt : « les Impatientes », de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas), « l’Anomalie », d'Hervé Le Tellier (Gallimard), « l’Historiographe du Royaume », de Maël Renouard (Grasset), et « Thésée, sa vie nouvelle », de Camille de Toledo (Verdier).

 

M. F.

 

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin