Fabrice Melquiot est un auteur rompu à tous les genres au théâtre : des fantaisies pour le jeune public, des comédies espiègles, des drames. Il aime varier les formats et les structures. Au Petit Saint-Martin, « M’man » met face à face deux personnages, une mère, Brunella et son fils.
Cela se passe à Modane (où Melquiot est né en 1972). Le père est depuis longtemps parti, mais n’a pas complètement rompu les ponts avec son fils. Gaby, 30 ans, vit seul avec sa mère. En ce moment il n’a pas de travail. Sa mère est belle, très jeune (elle a 17 ans de plus que lui), exaltée, violente. Très ambivalente avec lui, qui subit, souffre le plus souvent en silence.
On suit ce couple assez classique de mère abusive et de fils faible et aimant, plusieurs décennies durant. Dans un décor inutilement compliqué (une boîte manipulée à vue entre chacun des cinq mouvements), l’essentiel tient au jeu. Cristiana Reali offre son tempérament et sa sensibilité à cette mère désaxée et malheureuse. Robin Causse est un interprète fin, très nuancé. Charles Templon, qui les met en scène, les guide avec tact et imprime un excellent mouvement à la représentation. C’est souvent très drôle et déchirant à la fois. Et il y a un secret à la névrose de la mère et du fils… Qui n’est découvert qu’à la fin.
Comique et fantaisie
Pour oublier tout et rire franchement, deux pépites au Théâtre du Rond-Point. « Le Cri de la pomme de terre du Connecticut » est signé et interprété par Patrick Robine, homme à part, poète amoureux des forêts et capable d’imiter tous les bruits de la nature et au-delà. Après « la Ferme des concombres » il y a quelques années, Jean-Michel Ribes le met en scène avec amitié. Robine est un fantaisiste très original, un gamin espiègle. Une petite heure très inattendue, étonnante, attendrissante et drôle.
Dans la même salle Jean-Tardieu, Olivier Broche, ancien des Deschamps, compagnon d’aventures de François Morel (il était Jean-Louis Bory dans l’adaptation du « Masque et la Plume » au théâtre), joue « Moi et François Mitterrand », d’Hervé Le Tellier, dans une mise en scène de Benjamin Guillard. Un décor unique, avec au fond un rideau rouge qui dévoile peu à peu les portraits officiels des présidents de la République : de Mitterrand à Hollande en passant par Chirac et Sarkozy, le héros de cette fantaisie a écrit à l’Elysée et a reçu des réponses. C’est tout ! Évidemment, l’auteur, mathématicien membre de l’Ouvroir de littérature potentielle, (Oulipo), joue sur le comique de répétition. On ne se lasse pas des redites, car le talent merveilleux d’Olivier Broche est irrésistible.
Tant qu’à être au Rond-Point vous pouvez aussi opter pour le récital très fin de François Morel, « la Vie ». Des chansons nouvelles dont il a écrit la plupart des textes. Certains sont de son ami et pianiste Antoine Sahler, à la tête d’une formation épatante. De très jolies chansons, sentimentales, spirituelles et François Morel, si heureux de chanter, mis en scène par Juliette.
Revenons au Petit-Saint-Martin pour une très belle évocation de la genèse du film de Carné et Prévert, « les Enfants du paradis ». Daniel Colas a composé ce monologue pour Alexandre Brasseur, petit-fils de Pierre Brasseur, qui jouait Frédérick Lemaître. Bon sang ne saurait mentir. L’immense Pierre serait fier du talent sûr d’Alexandre. Le texte brasse les questions qui taraudaient les artistes : n’est-ce pas collaborer que de travailler en pleine Occupation ? Mais le film est là. Un chef-d’œuvre immortel.
– Au Petit-Saint-Martin, en alternance jusqu'au 30 décembre, « M’man » (durée 1 h 30) et « Brasseur et les Enfants du paradis » (1 h 30). Tél. 01.42.08.00.32, www.petitstmartin.com
– Au Rond-Point : « Moi et François Mitterrand » (1 h 20) à 18 h 30, jusqu'au 21 novembre ; « le Cri de la pomme de terre du Connecticut » (1 heure) à 21 heures, jusqu'au 30 octobre ; « la Vie » (1 h 30), à 21 heures, jusqu'au 6 novembre. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
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